Abonnée aux pages people, a fortiori avec la naissance de son deuxième enfant, Melissa Theriau aborde ce soir dans Zone Interdite un vrai sujet, de ces sujets tabous et vraiment pas racoleurs- être mère dans la douleur. Pas celle de l’accouchement, non, celle de l’après, lorsque le rêve d’enfant se heurte à la réalité, loin du bleu layette ou du rose bonbon. Lorsque la solitude face à son enfant, lorsque le regard des autres vous fait perdre pied et qu’en sortant de la normalité, la société vous juge au lieu de vous aider. Des mères au bord du gouffre qu’on emprisonne quand elles ont commis l’irréparable, double peine imposée par des juges chargé d’appliquer la loi, et avant tout de sanctionner.
Enfant- remède qui ne marche pas
« T’étais pas à la hauteur, c’est tout« . En une phrase, le père de Vanessa fait comprendre comment cette jeune mère a pu sombrer dans les crises d’angoisse, hospitalisée neuf mois comme une naissance pour elle aussi, après celle de sa fille. » J’avais besoin de calins, elle n’était pas tactile » dit-elle. « Tu es heureuse avec moi? » , « Tu aimes bien la maison de maman?« . Sa fille, aujourd’hui comme un remède mais à quel prix? Deux ans d’arrêt maladie, de dépression sévère, « un bobo à la gorge » comme dit sa fille qui, avec ses mots d’enfants a bien compris que toutes ces choses que sa mère n’a sans doute pu dire à ses parents l’ont mené à ne pouvoir l’être à son tour.
Laetitia , elle est en prison. Son fils de six semaines, elle l’a secoué un soir d’épuisement, puis jeté au sol. Il a aujourd’hui trois ans, est handicapé et vit avec son père, retourné chez ses parents. Il ne supporte pas d’être touché, ne parle pas, ne marche pas. Mère avant même d’avoir 18ans , vulnérable, elle a pris sept ans de prison. Et pas revu depuis ses enfants. Le père, à l’époque tous les soirs absent pour son travail, l’affirme: « elle a voulu donner la mort au petit« , et réclame aujourd’hui le retrait de l’ autorité parentale-la déchéance- pour ce geste fou qu’il ne pardonne pas. Alors bourré de médicaments, c’est chaque soir sa mère et sa soeur qui tente d’endormir cet enfant qui hurle sa douleur tandis que son grand frère n’a plus le droit de prononcer le nom de sa mère dont la belle mère dit « qu’elle est méchante et enfermée dans une maison avec toutes les mamans méchantes« . L’autre grand mère, elle, n’ a plus non plus le droit de les voir.
Punir sans aider
Lyon, unité mère bébé. Mère jugée « défaillante » par justice, Blandine a fait 300 km pour voir sa fille. Un compagnon violent, l’alcool, elle a désormais le droit un jour par semaine de la serrer dans ses bras, sous surveillance infirmière. La culpabilité, le test permanent, comme si elle passait à chaque fois un examen dans l’attente d’un jugement pour la récupérer. Elle a bon espoir, elle va mieux. »La restitution » comme le dit son avocat devrait être prononcée. Oui, mais voilà, à cette mère, le juge demande encore plus qu’à une autre, un travail, un domicile; la justice comme un engrenage, sa fille est replacée pour six mois. « Je ne vais pas tenir » dit-elle en sortant; trois mois après, là voilà hospitalisée pour anorexie. Elle a perdu toute ses chances de la récupérer et sans doute, de se sauver elle-même…
Direction enfin, les Etats Unis, ce pays « où l’on ne veut voir que des jolies images » comme le souligne très justemment une psychologue américaine. Là-bas aussi, on punit sans soigner. Il y a celles qui se suicident et celles qui tuent comme Marylin qui a étouffé ses trois enfants , victime d’une grave dépression et ne voulant pas les laisser derrière elle. Elle s’est ratée; on lui a même refusé la peine de mort, l’emprisonnant à vie. Elle est là, treize ans après, devant la caméra, à l’époque mère modèle habitant dans une banlieue chic, son mari médecin-le parfait cliché. De quoi faire peur à la société qui a « besoin de croire à l’image de la mère heureuse, forcement heureuse » conclut ce reportage bouleversant qui confirme que M6 est capable de faire autre chose que du divertissement. Voilà qui, pour une chaîne qui vient d’avoir 25 ans, est rassurant…
Par Laetitia Monsacré
Zone Interdite, diffusée dimanche 25 mars à 20h 40