Avec pas moins de vingt-cinq doubles pages de pub avant de trouver du texte, pas étonnant que le groupe Prisma, énième propriété de Vincent Bolloré, n’ait fait qu’une soirée de lancement pour le Harper’s bazaar français avec ses annonceurs! Pour les ripailles chers à la Fashion week, il faudra attendre le 1er mars, une semaine après l’arrivée en kiosque du magazine, avec une des quatre couvertures photographiées par Mario Sorrenti, titrant A la vie, à la mode!-sic. En plein anniversaire du premier missile russe tombé sur l’Ukraine, il fallait oser. Mais comme le luxe ne s’est jamais aussi bien porté-contrairement à la presse écrite- et « q’il y a des files d’attente devant chaque boutique Vuitton, Dior, Chanel ou Hermès, le magazine, vieux de plus 150 ans aux Etats Unis, arrive dans la capitale de la mode, sous forme de franchise du groupe Hearst, avec une rédaction de vingt-cinq journalistes qui échapperont à Gennevilliers, siège du groupe Prisma qui édite entre-autre, Gala. Après le people, voilà donc la mode, avec comme ennemi déclaré pour la régie publicitaire, Vogue et le groupe Condé Nast. Et tant pis si le lecteur remarque que le sac vert Fendi en page pub est repris en première page rédactionnelle du « Bazaar select », tout comme le sac Gucci porté par Nolween- en égérie, on ne fait pas plus casual- le magazine a une information à nous donner, et pas des moindre: « La mode est politique ».
Vogue, copié-collé
Voilà qui rassurera les lectrices chez le coiffeur! Un petit renvoi d’ascenseur au copain François Pinault (Gucci, Saint Laurent) et sa fondation dans les pages Culture, une interview « coup de fil » à un Loli-Bahia mannequin français que « la mode s’arrache », pour apprendre qu’elle vit toujours à Lyon et qu’elle dort beaucoup quand elle ne travaille pas, on est déjà à la moitié du magazine; Florian Zeller est, à son tour soumis aux questions existentielles, « cet adolescent, c’est vous? « . Plus loin, un rédacteur affirme « on n’est plus choqué par rien mais on se scandalise de tout » ce que confirme le rédacteur en chef Olivier Lalanne, « On ne peut plus publier une femme à quatre pattes portant une selle photographiée par Newton ». Des pages Accessoires, on passe aux pages Parfums ou Produits de beauté photographiés comme des oeuvres d’art et nettement plus accessibles que le PAP de grandes marques, magnifié sur des mannequins photographiées façon Vogue. Vous l’aurez compris, ici, on prête aux riches mais aussi à ceux qui le sont moins, au « petit prix » de 4,90 euros le papier glacé, pour un beau magazine, futur collector, à laisser trainer nonchalamment sur sa table basse.
AW