Si vous faites partie de ceux qui ont déserté les salles de cinéma en imaginant qu’un terroriste équipé d’une ceinture à explosif désormais aussi fine qu’une gaine puisse s’y faire sauter, voilà avec les deux réveillons passés sans « incident majeur », de quoi vous ramener dans les salles obscures. Petit rappel donc des bons films que vous avez raté et de ceux que vous avez eu raison de zapper! Prix du jury Un certain regard du dernier festival de Cannes, Beliers est un formidable huis-clos qui vous plonge dans les paysages grandioses islandais pour une lutte fratricide entre deux frères voisins élevant ces moutons qui font ces pulls à la laine unique (j’en ai rapporté un il y a sept ans qui fera partie de mon héritage vu sa pérennité et sa chaleur). La fin est bouleversante mais on vous dit rien.
Des bêtes et des hommes
Des animaux encore avec Belle et Sebastien, le retour, pour un film aux décors et costumes si léchés que l’on ne parvient pas une minute à entrer dedans, d’autant que c’est très mal joué et le scénario aux limites de l’indigence. Préférez le magnifique film Back Home sur une photographe de guerre magistralement interprété par Isabelle Huppert qui montre combien plus que la guerre, c’est le retour qui use; casting impérial avec Gabriel Byrne et le solaire Jesse Eisenberg.
Grand retour de Claude Lelouch pour Un homme et une femme version indienne, avec Un +Une; si les deux acteurs ne s’en tirent pas trop mal- Jean Dujardin quasiment dans son propre rôle de play boy et Elsa Zylbertein en femme d’ambassadeur à fleur de peau, on frôle cependant le ridicule assez souvent comme pour la scène avec Amma (et je sais de quoi je parle, j’y ai été!).
Scénario: peut mieux faire
Le scénario s’enlise souvent, la musique omniprésente est vite insupportable tout comme le placement de produits-merci Air France, Mercedes et Chopard d’avoir permis de boucler le budget.
Préférez pour 10 euros largement la retenue du très beau film suédois de Sanna Lenken, My Skinny sister qui, avec une grâce certaine faite d’ellipses et de jeu de regard-merveilleuse Rebecka Josephson, 12 ans- raconte le drame de l’anorexie dans une famille suédoise. Un sujet dur mais abordé avec poésie qui evoque universellement la difficulté de communiquer au sein d’une famille au dessus de tout soupçon.
Du sang ou de l’émotion
Amos Gitaï a choisit de revenir pour sa part sur l’assassinat du père des accords d’Oslo avec un doc fiction fleuve, Le dernier jour d’Ytzhak Rabin, très vite ennuyeux et dérangeant quand on voit l’acteur jouant le premier ministre israëlien se vider de son sang à l’arrière de la voiture après avoir été abattu.
Plus détendants, Joy, le dernier film de David O Russell (auteur du génial Hapinness Thérapie) –lire critique et La vie très privée de Monsieur Sim–lire aussi, sont deux films avec quelques faiblesses mais grandissant toutefois de passer un bon moment.
Inspiré par les films de société de Ken Loach, Jake Gavin met en scène un Peter Mullan époustouflant dans Hector, film sur un SDF sexagénaire qui « s’est fâché avec la vie » et tente après quinze ans de silence de reconnecter avec les siens, sur fond de marginalité et d’entraide dans une Angleterre qui a produit par millions des laissés pour compte.
Di Caprio, Blanchett, Tarentino, du lourd pour 2016
Voilà de quoi attendre les prochaines sorties de 2016- nous reviendrons sur Star Wars dans notre prochaine newsletter- avec le très attendu dernier Tarentino, les Huit salopards, un western intimiste, Janis, documentaire un peu trop classique et long sur l’ecorchée vive que fut Janis Joplin, Carol, film assez ennuyeux donné pourtant favori à Cannes, le très attendu biopic sur Steve Job de Danny Boyle avec Michael Fassbender (sortie le 2 février) ou encore The Revenant du très grand réalisateur Alejandro González Iñárritu mettant en scène Leonardo Di Caprio en trappeur luttant pour sa survie, une vraie performance oscarisable-sortie le 24 février. Le dernier documentaire de Michael Moore- Where to invente next-sorti aux Etats Unis le 24 décembre 2015 n’a pas encore de date de sortie en France; il faudra donc patienter pour se régaler avec le dernier opus de celui qui dit très justement que l’on se souviendra d’Obama comme le premier président noir des USA, mais que « pour cela… ».