Lorsque Philippe Lioret prend sa caméra, ce n’est jamais pour rien; on se souvient de son magnifique Welcome avec Vincent Lindon en professeur de natation qui acceptait tout en regards et en silences d’aider un jeune migrant à traverser à la nage Calais/ Douvres. Dans Le fils de Jean, on s’envole avec Mathieu , un jeune père trentenaire séparé vers Montréal, sur les traces d’un père qu’il n’a jamais connu et qui vient de mourir. Rencontrer ses frères, voilà ce qui importe le plus à ce personnage joué avec talent par Pierre Deladonchamps, tout en jeux de regards et à travers ce sous texte si cher au réalisateur. Ainsi, celui-ci prend-t’il son temps, touche après touche tel un peintre pointilliste pour nous présenter sa galerie de personnages comme ce meilleur ami du père qui lui sert de guide, servi par des dialogues plein de sagesse: « L’argent rend fou, j’ai toujours tout fait dans la vie pour essayer de ne pas trop en gagner ». Malgré un démarrage un peu lent, le film au scénario écrit au scalpel finira avec force, à l’image de ceux qui auront appris à se connaitre grâce à ce voyage au pays de cabanes au fond des bois.
AW