10 juin 2024
La vague brune

Même la Bretagne n’a pas résisté; 96% des communes françaises ont placé le Rassemblement national (RN) en tête des résultats des élections européennes avec 31,5% des votes. Et si Paris fait de la résistance,  la France, à l’image de l’Italie et de l’Autriche, a donné la majorité au Parlement Européen à l’extrême droite, n’en déplaise au président de la République. L’effet « drapeau » (on vote pour le chef d’Etat/ de guerre) du D-Day n’a donc pas fonctionné et le Macron va-t-en guerre, aligné sur le président américain a joué comme un repoussoir auprès des Français loin d’être prêts à l’escalade dans le conflit russo-ukrainen. D’autant que la priorité déclarée des votants est une fois encore le pouvoir d’achat et l’immigration; l’écologie arrive loin derrière, sonnant la victoire de la « fin du mois » sur « la fin du monde ». En témoigne le score décevant des Ecologistes, tout juste au dessus des 5% leur permettant d’être remboursés de leur campagne et d’avoir cinq députés à Bruxelles qui vire du vert (un quart des députés verts ne sont pas réélus) au brun avec la percée de l’extrême droite aux Pays-Bas ou en Allemagne avec l’AfD qui devient la seconde force politique du pays. La liste de Raphaël Gluckmann s’offre pour sa part un joli score avec 14% des votes soit treize sièges. Avec moitié moins de votes pour la candidate de la majorité présidentielle que pour Jordan Bardella qui envoie 30 députés au Parlement européen, le président Macron a choisi dès la soirée de dimanche 9 juin 2024 de dissoudre l’Assemblée Nationale ce qui n’était pas arrivé depuis 1997.

Une sanction pour un mauvais élève

Le voilà donc affaibli, enfin sanctionné pour ses lois sur les retraites et l’immigration, passées en force avec le 49.3 ainsi qu’à la veille d’une cohabitation avec le RN ou un front de la gauche unie qui irait du PS jusqu’aux verts en passant par LFI. Les négociations vont assurément être âpres pour former le nouveau gouvernement, laissant Emmanuel Macron tel le « roi » nu. N’est pas qui veut un vrai roi comme Charles III qui, face au retard du président français à la cérémonie hommage du 6 juin 2024, a choisi de commencer sans lui. L’occasion pour le monarque britannique, impérial dans son uniforme militaire, de l’appeler « Macron »sans y accoler « President » tandis que Joe Biden est arrivé avec une demi-heure de retard à Omaha beach, rendant l’appareil au président français, en retard d’une demi-heure le matin-même à la cérémonie américaine. Et le pauvre Biden de devoir supporter les apartés tentées par Emmanuel Macron, son voisin de chaise, pendant que la musique d’Eric Satie ou de Maurice Ravel s’élevait sous les doigts d’Alexandre Tharaud.  Au moins avait-il un prompteur, à la différence du matin où le président français n’a pas quitté des yeux ses notes, oubliant de rendre hommage aux civils français tués- à la différence de Charles III. De quoi passer aux yeux du monde pour un mauvais élève qui est, aujourd’hui, méchamment sanctionné par les Français.

Par April Weeler

Articles similaires