« La Sncf propose des TGV zéro euros pour en reprendre un lorsque le sien est annulé, mais y’a zéro train! », voilà dans les chose entendues en ce mardi 7 mars 2023 qui résument bien la situation pour les usagers. Reste qu’il arrive parfois que, par chance, on tombe sur un opérateur téléphonique serviable et compétent, comme cette interlocutrice, qui, dès le samedi, m’a confirmé la suppression de mon train depuis Angoulême, et a pu me faire partir de Bordeaux, faute de train au départ de la préfecture de la Charente, dont la gare devait être bien déserte en ce mardi. Celle de Bordeaux n’était guère plus bondée, mais quelques TGV, au demeurant loin d’être complets, la plupart ayant suivi les recommandations de télétravail et de report de déplacements, daignaient partir de la gare Saint-Jean. Montparnasse n’était pas plus bousculée à l’arrivée. Mais les contrôles à l’embarquement, comme dans le train, n’ont eux pas fait grève, ni le manque de courtoisie du personnel, comme cet agent de sécurité à Bordeaux qui m’a lancé un «pas de couilles, hein» quand j’ai préféré ignorer ses remarques désobligeantes car je m’impatientais devant le portique qui refusait de lire le QR code de mon billet.
Une fois dans la rue, la réalité des mouvements sociaux se rappelait au bon souvenir, obligeant le piéton à fendre plusieurs cortèges. Mais rien ne vaut l’incapacité, au téléphone, pour, pensais-je à tort, plus de commodité, ou, ensuite de guerre lasse, en gare, de changer un voyage pour Saint-Etienne le lendemain. Faute de trains directs, la correspondance en TER, depuis la segmentation des tarifications entre régionaux et grandes lignes, était impossible à réserver, sauf à payer un supplément massif de près de 100 euros, en complète contradiction avec les prétendues facilités d’échange sans frais. Baladé d’un service à l’autre, il ne restait plus qu’à renoncer. Et pas question de montrer quelque exaspération. La moindre « incivilité » peut vous valoir au mieux l’intervention de la police, au pire la poursuite physique, comme ce soir d’avril où, en gare de Bordeaux Saint-Jean, agacé par l’impatience du mécanicien qui devait décrocher la locomotive de l’Intercités en provenance de Marseille alors que je rassemblais mes affaires et vérifiais que je n’avais rien oublié, m’a couru après dans les couloirs de la gare, attrapé par le col, arraché veste et sac à dos, et hurlé dessus de manière humiliante dans le hall. Ma plainte à la gendarmerie le lendemain n’a servi à rien, sauf à me faire reprocher ma démarche par le planton. On vous aura prévenus, la SNCF, comme la police d’ailleurs, a toujours raison, et ses syndicats se chargent au besoin de vous le rappeler.