Ames sensibles s’abstenir. Il n’est point ici question d’images ensanglantées, mais de la violence légale qui est faite à de jeunes enfants aux Etats-Unis. Perpétuité pour les enfants d’Amérique est un documentaire édifiant qui débute par une garde à vue d’un enfant de 11 ans. Son petit frère de 2 ans est dans le coma suite à un traumatisme crânien. « Je l’ai poussé contre l’étagère », dès l’aveu de ce qui aurait pu n’être qu’une bagarre entre enfants-un enfant n’est évidemment pas conscient de la même façon qu’un adulte de ses actes- Cristian est menotté et inculpé pour meurtre au premier degré. Lors de son procès, trois mois plus tard, il est présenté enchaîné devant les juges, comme n’importe quel adulte. Nous sommes en Floride où l’on a inventé la notion de « crime adulte », avec pour les crimes de sang, la perpétuité (on leur évite quand même la peine capitale depuis 2005). « Nous protégeons la communauté », voilà comment se justifie la procureure pour enfermer 23 heures sur 24 dans une cage de verre, sans lumière du jour, cet enfant qui sera protégé des autres détenus beaucoup plus vieux, en étant mis au mitard. De quoi se faire une idée de comment celle qui se prénsete comme une grande démocratie traite ses enfants une fois que le pire a été commis. Enfant né d’un viol, avec une mère de 12 ans, abusé par son beau-père, la grande nation n’était pas là pour l’aider. En revanche, pour ce qui est de sanctionner…
Faire peur
Battu et lui-même victime, comme tant d’enfants de la communauté noire et hispanique, voilà ce que lui offre désormais la nation en bonne redresseuse de torts, personnalisée par une horrible procureure, Angela, élue bien blanche et républicaine, laquelle a supprimé en quatre ans tous les programmes de prévention à la délinquance. « Faire peur » comme au temps des cow-boys, avec pour chaque jeune délinquant et leurs parents, la détention pendant quelques heures en prison, avec une visite commentée par un guide à vous donner des frissons dans le dos. Sans compter les détenus qui, derrière leur vitre, leur font la morale -on se croirait presque dans un film. « Je ne souhaite à aucun enfant de vivre ce que je vis ici », c’est-à dire-être violé, battu et enfermé dès le premier faux pas comme 2600 autres dans un pays qui déverse des films violents à longueur de journée sur les écrans. Le système pénal le plus dur au monde, voilà ce que sont devenus les Etats-Unis qui ont même enfermé à vie 200 jeunes n’ayant même pas tué. Un vol en période de sursis et Terrence a été condamné à perpétuité, commué en 25 ans suite à la mobilisation de certains avocats. Pour Cristian, leur enquête confirmera que la mère a menti, ce qui lui évitera la prison à vie. Après avoir plaidé coupable, il sera emprisonné pendant 7 ans, alors que sa mère est vraisemblablement la réelle coupable et devra pendant huit autres années ne pas approcher sa famille. « Le gouvernement traite ses enfants comme des adultes alors qu’ils n’ont pas droit de boire avant 21 ans ou d’avoir des relations sexuelles avant 18 ans », l’Amérique n’est pas à une contradiction près…
AW
Perpétuité pour les enfants d’Amérique, diffusé sur France 5 le mardi 4 février à 20heures 30