20 septembre 2024
La french touch comme on l’aime

Voilà deux films français bien fagotés pour attaquer cette rentrée, malgré l’été indien qui s’est installé sur toute la France. Le premier est une comédie dramatique comme l’on dit; le dernier film de la réalisatrice Sophie Fillière est à l’affiche,  avec Agnès Jaoui, qui est entrée dans son rôle comme on entre en religion. Elle est tout simplement époustouflante de naturel, sans maquillage ni coiffeur, incarnant la réalisatrice morte prématurément. Qu’à cela ne tienne, ce sont les propres enfants de celle-ci qui ont assuré le montage de Ma vie, ma gueule, film ultra-personnel sur une femme qui perd la mémoire; désorientée, elle parvient toutefois à se débrouiller seule en Angleterre, loin de ses trois enfants,  l’ainée jouée par Valérie Donzelli, Junior, le fils de 22 ans et la cadette ado qui souhaitaient, tous deux, l’accompagner. C’est qu’elle veut devenir « Lady of »- celle que l’on surnomme « Barbie bichette »- cela, à la faveur d’un emballage de « chips and fries ». L’humour s’invite dans le drame, alors que touché, par ce qui ressemble beaucoup à la maladie d’Alzheimer, le personnage féminin se promène dans la lande anglaise pour trouver son m2 acheté et retrouver…Philippe Katerine dans son propre rôle, signant la musique du film. « T »avais pas arrêté? -Je reprends! » avec des « cigarettes de conasse »- des slims; les dialogues fusent loin du politically correct « -T’es sûre que ça va? -J’ai jamais dit que ça allait! ». La poésie pour survivre, à défaut de vivre, loin de la clinique où Barbie Bichette appelle tout le monde « Fanfan ». Là, elle fume en cachette, pratique l’art thérapie pour tenter de se retrouver; ses enfants sont là, toujours présents pour « veiller » cette mère qui se met à parler toute seule, se reconnectant à l’enfance. La boucle est bouclée. Lady Bichette a bravé la tempête.

Quand la Syrie s’invite en Bretagne

Comme c’est bon de rire grâce à cette comédie en quatre actes, Les Barbares, signée Julie Delpy; elle y joue le rôle d’une institutrice féministe et engagée, aux côtés de son amie de toujours, la patronne de la supérette de ce village breton- Sandrine Kiberlain, un peu pompette- qui attendait une famille… ukrainienne. Oui, mais voilà, comme le souligne le maire, dans le reportage prévu sur France 3 région, « Il y a beaucoup trop de demandes sur le marché ». A défaut donc d’Ukrainiens, voilà une famille syrienne qui arrive; le grand père, le père, sa femme, sa soeur, Alma qui a perdu son mari dans les bombardements, et deux enfants. Les villageois sont présents, leurs préjugés aussi: « Il a trois femmes? »demande l’un d’eux. Laurent Lafitte endosse le rôle d’un plombier facho qui ne devra son salut qu’à la faveur d’un accouchement, en urgence, sur la plage de Paimpont. Julie Delpy offre à tous ses personnages des dialogues qui font de cette pure comédie, sur un sujet sérieux- l’accueil de réfugiés, entre bonne volonté et xénophobie – un film des plus réjouissants.

AW. 

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