En ce soir de première à l’Opéra Comique de La Dame blanche de Boieldieu, la salle a beaucoup ri. Elle a sifflé aussi lorsque les intermittents du spectacle sont venus exprimer leurs craintes et leur soutien aux « avocats, cheminots, infirmières, éboueurs » bref tous ceux que la reforme des retraites « dont les contours sont si flous » qu’elle va immanquablement faire « un nivellement par le bas » dans une profession déjà précaire. Il faut dire que loin de réaliser que ces professionnels avaient choisi, contrairement à l’Opéra de paris, de ne pas faire grève, le public très majoritairement sexagénaire voire septuagénaire, ne devait pas se sentir très concerné…Non, il était juste venu se détendre à écouter un opéra qui se joua plus de mille fois au Comique. On dit même que Wagner en souligna « la quintessence d’un certain esprit français ». Le fantôme hantant un château dans la lande écossaisse vu par Eugène Scribe sont en effet à des années lumières du Ring. Et si le plateau vocal proposé par le Comique est toujours aussi enthousiasmant- Philippe Talbot et Elsa Benoit en tête, le choeur affichant une belle énergie, on est saisi par la vacuité du livret comme cette ode à l’armée « Ah, quel plaisir d’être soldat », avec cette idée qu’en langue étrangère, cela passe mieux vu que l’ on n’y comprend rien. Les décors d ‘Emmanuel Roy rattrapent à peine cette impression, datés et peu inspirés. Les spectateurs étaient cependant ravis à en entendre les applaudissements finals comme quoi, près de 250 ans plus tard, l’aspect « bon enfant » séduit encore, a fortiori dans ces temps difficiles…
LM
La Dame blanche de François-Adrien Boieldieu, à l’Opéra Comique jusqu’au 1er mars 2020