Dans une scénographie épurée et résolument moderne de Nathalie Crinière, la Biennale des Antiquaires a ressorti ses intérieurs XVIIIème reconstitués et ses tableaux signés par les plus grands avec, sans doute, chez le galeriste londonien Richard Green, une des toiles les plus chères du salon, une vue des falaises de Varengeville peinte par Monet, proposée à 10 millions d’euros. De quoi faire passer l’autre Monet exposé, chez Boon Gallery, une autre falaise près de Dieppe à 4,8 millions d’euros pour une bonne affaire! Pour les budgets moindres, Chagall est proposé avec la Tour Eiffel en prime à 2,8 millions d’euros à la Galerie Taménaga tandis qu’un beau bronze de cheval de Degas sera sur votre cheminée pour 2,5 millions d’euros. La Galerie Malaquais propose sans doute une des plus belles sculptures de la Biennale à 1,5 millions d’euros avec ce torse de femme accroupie fondu juste avant que Camille Claudel ne soit placée dans un hôpital psychiatrique près d’Avignon par son chère frère Paul, dont les héritiers cèdent aujourd’hui cette oeuvre avec l’idée que tout le monde n’a pas perdu au change…
De Barye au Corbusier
La Galerie Hélène Bailly propose quant à elle un beau portrait de femme de Van Dongen à 780 000 euros tandis que Boudin semble ô combien accessible dans un petit format représentant un bateau dans le port du Havre, à seulement 180 000 euros; idem pour ce beau plâtre original de Barye, Un cerf qui marche, proposé à 60 000 euros.
Du côté des modernes, la galerie Zlotowski a choisi d’exposer les dessins du Corbusier débutant à 85 000 euros, et Daniel Templon un bronze de César à 200 000 euros, déjà vendu. Le mobilier scandinave est à l’honneur chez Dansk Mobel Kunst où une table avec un plateau en marbre est proposée à 80 000 euros. Des meubles mais également des bijoux avec la présence d’un nouveau venu, Nirav Modi, un joaillier indien avec des bijoux très légers, issus des ateliers de cette famille qui a commencé à Anvers et n’a que six ans d’existence. Un des rares stands de bijoux, avec contrairement aux éditions précédentes, l’absence des poids lourds comme Chanel, Van Cleef ou Dior, qui ont déserté cette biennale.
Van Cleef versus Cartier
C’est en effet place Vendôme, dans l’hôtel d’Evreux que la marque Van Cleef propose en cette rentrée son Arche de Noé, scénographiée par la star Robert Wilson; une pièce en cube diffusant une création originale d’Arvo Part, pour découvrir dans des petites niches les 41 créations imaginées par les Ateliers, autant d’animaux en couple comme ces hérissons, lapins, chines, ou perroquets. S’inspirant d’un tableau de Bruegel le Vieux, ces créations démontrent excellence de la maison Van Cleef avec des sertis mystérieux pour le cheval Pégase, la licorne ou le phénix, seuls animaux présentés seuls car immortels. La conférencière est alerte et inspirée, on repart avec un joli sac en tissu, une flopée d’hôtesses assurent l’accès gratuit au public qui se presse par petit groupe, vraisemblablement plus heureux que les visiteurs à plus de dix euros du Grand orchestre des animaux à la Fondation Cartier. Une grande toile de Cai Qiang, quelques vidéos d’oiseaux, les affiches qui colonisent les rues parisiennes, vous pourrez faire l’impasse sur cette exposition qui semble confirmer que les joaillier ne devraient faire que ce qu’ils savent faire: des bijoux.
Par April Wheeler
L’Arche de Noé par Van Cleef et Arpels jusqu’au 26 Septembre 2016, Hôtel d’Evreux
Biennale des Antiquaires au Grand Palais jusqu’au 18 septembre 2016
Le Grand Orchestre des animaux, Fondation Cartier jusqu’au 8 octobre 2016