Après les corbillards, le 104, anciennes pompes funèbres et formidable espace de création dans le XIXème arrondissement, accueille…les coeurs brisés. Une exposition qui occupe tout le sous-sol et permet d’observer le processus amoureux à travers une centaine d’objets collectés, allant de menottes fuchsia aux ours en peluche, en passant par une robe de mariée vermeille et un téléphone répondeur. Effet thérapeutique assuré ! Le principe est simple…. A l’invitation des organisateurs, hommes et femmes ont été invités à venir déposer l’objet qui leur faisait le plus penser à celui qui les avait abandonné. Métamorphosé en objet « d’art » cathartique offert à tous les yeux compatissants, cette exposition itinérante prouve qu’aux quatre coins du monde « les amours finissent mal en général ». Ainsi ce chapelet qui appartenait à une religieuse hongroise dévoyée par un lycéen, morte sur ses genoux lors d’un accident de voiture à Budapest; des escarpins rouges, « offert dans un Sex Shop » à Pigalle ou un imposant sextoy…
Quoi de plus salvateur que de se débarrasser du scalpel amoureux ? Les mots qui racontent peut-être ? C’est le principe de cette installation à but « curatif ». Le possesseur de l’objet le transmet au public avec sa petite histoire. Pathétique souvent, dramatique parfois comme ce Chagrin sur carte postale : « Je suis une femme de 70 ans et vis à Erevan, capitale de l’Arménie. Cette carte postale a été glissée, il y a bien longtemps par le fils d’un de nos voisins. Cela faisait trois ans qu’il était amoureux de moi. Respectant la vieille tradition arménienne, ses parents sont venus chez moi pour demander ma main. Mes parents ont refusé, arguant que leur fils ne me méritait pas. Le soir même, sa voiture sortait de la route, du haut d’une colline… ». Mais Dieu merci, drôle aussi. Comme l’histoire de cette « prothèse de genou » qui se décompose depuis le printemps 2012 à Zagreb et nous plonge dans l’histoire entre une jolie assistante sociale et un invalide de guerre. qui ironise sur le fait que « la prothèse a duré plus longtemps que leur amour. Elle était en matériau plus solide ! « .
Bémol à la déambulation, toutes les pancartes à déchiffrer avec à la fin de la déambulation au milieu de tous ces objets- enfin- une vidéo. Elle vient tout droit de Slovénie » salut mon chat / quel dommage / que ta ville/ soit à 1000 miles » Écoutez le son des amours finies, comme cette grand-mère ridée qui parle de son idylle avec un homme qui lui a écrit de Belgrade, « rempli de désespoir ». Ainsi comme l’affirme dans Fragments de discours amoureux, Roland Barthes, « toute passion a son spectateur ». Alors âmes en peine, venez parcourir ce « musée » salvateur !
Par Elodie Terrassin
Le Musée des coeurs brisés au 104, jusqu’au 20 janvier 2013