Le célèbre contre tenor, Philippe Jaroussky, était très attendu dans la nouvelle production de Giulio Cesare au Théâtre des Champs Elysées, cette fois comme chef d’orchestre. A la tête de son Ensemble Artaserse, il a réussi son pari, offrant de belles couleurs instrumentales et une remarquable maîtrise dans la vie expressive de ces portraits d’âmes que sont les airs d’Haendel. Cela d’autant que le plateau cumulant les grandes voix du moment avait de quoi réjouir les baroqueux. A l’applaudimètre, c’est incontestablement Sabine Devieilhe qui remporte la palme. Sa Cléopâtre légère et virtuose, avec sa ligne aérienne et ses aigus stratosphériques ont conquis le public pour sa prise de rôle en Reine d’Egypte qui se fait passer pour une de ses suivantes afin de conquérir César, interprété par Gaëlle Arquez aussi à l’aise dans l’héroïsme que dans les tourments amoureux. Le metteur en scène, Damiano Michieletto et son équipe ont eu droit, pour leur part, aux huées d’une violence plutôt rare de la moitié de la salle. Il faut dire que la scénographie quasi clinique de Paolo Fantin, habillée par les lumières d’Alessandro Carletti, avait de quoi rebuter; un grand carré blanc, aux couleurs changeantes pour tout décor en première partie, n’est pas Bob Wilson qui veut. Résultat, on s’ennuyait ferme malgré des costumes bien sentis pour une Cléopatre tantôt soubrette coiffée à la Louise Brooks tantôt rousse fatale, façon Rita Hayworth dans Gilda. Voilà qui ne fut pas suffisant pour ôter l’impression désagréable que cette production de fin de saison confondait minimalisme avec parcimonie. Bref, on était loin du péplum qui en jette plein la vue, surtout lorsque le spectacle dure quatre heures!
Par la Rédaction
Giulio Cesare de Haendel au Théâtre des Champs Elysées jusqu’au 22 mai 2022, et à Montpellier du 5 au 11 juin 2022.