L’exposition Memoria du photo reporter James Nachtwey retrace avec force et émotion les grands conflits (guerre, famine, sida, exode) de notre temps et montre comment le photojournalisme est au fond une arme anti-guerre.
Voici une exposition de photographies qui dit tout de notre humanité. La mémoire comme rôle fondateur de notre existence, la mémoire cet architecte qui bâti ce que nous sommes chacun aujourd’hui. James Nachtwey lui donne une voix par l’image. Il inscrit dans l’éternité ceux qui sont au coeur de cette inhumanité qui ne fait que se répéter. Guerres, sida, drogue, famine, plus récemment migrants et exode ou encore catastrophes naturelles. Autant de traumatismes qui marquent des générations entières. James Nachtwey va au delà du photojournalisme, il appelle à nous regarder en face, à nous interpeller chacun, à ne pas être indifférent ou détourner le regard, à ne pas accepter et surtout de pas oublier la souffrance et la solitude humaine. C’est une réflexion sur la guerre, l’injustice, la mort, la douleur et la violence.
« La mémoire est la chose la plus essentielle que nous ayons pour imaginer le futur et prévenir des erreurs du passé »
Certaines images sont dures à regarder mais il faut les affronter pour ne pas oublier ce que justifie James Nachtwey: « J’ai été un témoin. Un témoin de ces gens à qui l’on a tout pris – leurs maisons, leurs familles, leurs bras et leurs jambes, et jusqu’au discernement. Et pourtant, une chose ne leur avait été soustraite, la dignité, cet élément irréductible de l’être humain. Ces images en sont mon témoignage. »
Des images en noir et blanc et en couleur, un fil barbelé, une main, un oeil, une ombre, des contrastes… On entend les pleurs et les silences… La douceur d’un drap blanc qui vole au travers de la fenêtre d’un hôpital et cherche à caresser le visage de la malade, des larmes, des corps, des cadrages qui disent tout.
À travers ses photographies, James Nachtwey nous rappelle ainsi que si nous sommes incapables de nous souvenir du passé, nous serons condamnés à sa perpétuelle répétition. Le photojournalisme peut encore influencer le public car l’image est un langage universel qui nous bouleverse et qui s’inscrit dans le temps pour l’éternité.
par Karine S. Bouvatier
Memoria, à la MEP (Maison Européenne de la Photographie) jusqu’au 29 juillet 2018
photos: All JAMES NACHTWEY Works: © James Nachtwey Archive, Hood Museum of Art, Dartmouth