Un déjeuner qui se termine aux confins du pugilat : ainsi s’ouvre Illégitime, film d’Adrian Sitaru, qui nous fait entrer dans l’intimité d’une famille. Les quatre enfants viennent d’apprendre une chose que leur père leur a caché pendant leur jeunesse : il a fait avorter des femmes pendant le régime de Ceaucescu. Plongé dans une ville de Roumanie où dominent la nuit et la pluie, le spectateur est immergé au sein d’un huis clos, avec un cadrage jouant la proximité, sinon la promiscuité avec les personnages, et découvre la relation incestueuse qu’entretiennent les deux jumeaux, Romi et Sasha, dont naîtra un enfant. Assurément, le réalisateur n’élude pas une certaine gêne que peut susciter le sujet, et ce n’est pas l’épilogue moral un peu artificiel où le patriarche, Victor – Adrian Titilieni, aux faux airs d’Umberto Eco – accepte la réalité, dans une unité familiale retrouvée, faisant verser le propos vers la fable ou la parabole, qui l’atténuera. Reste le jeu d’acteurs un peu brut – en particulier la dérive des deux amants illégitimes, Alina Grigore, qui a signé le scénario, et Robi Urs – qui participe de la sincérité d’un long-métrage couronné par le prix de la Confédération Internationale des Cinémas d’Art et d’Essai au Forum du festival de Berlin en début d’année.
GC
Illégitime, film d’Adrian Sitaru