Après toute cette noirceur, tantôt vaine tantôt plutôt salvatrice, voilà deux petits bijoux qui ont le mérite de coûter moins de dix euros et de se lire en moins d’une heure. Le premier vous réservera des fous rires quasiment toutes les pages, le second une écriture magnifique sur un thème pourtant commun, intrinsèque à notre condition d’humain: l’effondrement. C’est d’ailleurs le titre de ce premier livre de poche, paru cet été et offrant deux textes inédits; son auteur, Francis Scott Fitzgerald les publia quatre ans avant sa mort dans le magazine Esquire -eh oui, l’auteur de The Great Gatsby « cachetonna » toute sa vie, et livre sur quelques pages un regard au scalpel sur cette période qui allait abréger prématurément sa vie. « Les gros problèmes de la vie semblaient se résoudre, et si la tâche était ardue, elle se révélait suffisamment fatigante pour empêcher de penser à des problèmes plus généraux ». Cela, jusqu’au « crack-up », la fêlure, qui chez cet être ô combien social passa par une brusque envie de solitude, aux allures certaines de dépression avec deux années où » je faisais ce que je me rappelais faire d’un autre temps ». Dans un autre style, Guilio Minghini offre à la collection Les Affranchis, des petits livres sur le thème « Ecrivez la lettre que vous n’avez jamais écrite », un autre personnage au bord du gouffre mais sans en être conscient. Gérard Joyau, un écrivain raté tente son va-tout en écrivant à Philippe Sollers, directeur de collection chez Gallimard, y joignant son sixième manuscrit. Enfin la sixième version de Tyrannicide, 934 pages, qui à défaut d’avoir attiré l’attention de la célèbre maison d’édition, a eu les honneurs de la classe où il enseigne-pauvres étudiants. Tout le drame qui peut être celui d’un écrivain amateur -ils seraient deux millions et demi en France- est ici retranscrit, tantôt avec fureur contre les éditeurs dont la célèbre maison de la rue Sebastien Bottin- « un authentique nid de brigands perché sur les hautes et imprenables montagne de Saint-Germain- des-Prés » ou avec des fous rires garantis lorsqu’il évoque les remaniements nombreux et irrésistibles qu’il opère à chaque version « Avouez que la métaphore de la partie d’échecs au cours de laquelle le fils tue symboliquement le père-qui est devenue une femme-est saisissante ». Une vraie pépite qui vous fera un bien fou pour vous remettre de la lecture des ouvrages on ne peut plus sombres de cette rentrée littéraire...
AW