On connaissait la folk originale de Herman Dune pour ses airs accrocheurs, ses refrains faciles chantés à deux voix, souvent mixtes, ses paroles futiles et sa voix singulière, mais moins pour sa virtuosité « guitaristique ». En lui proposant de composer la musique de son nouveau film, Edouard Deluc a permis au songwriter barbu, David-Ivar Herman Dune de révéler l’étendue de sa dextérité lorsqu’il s’agit de gratter les six cordes de son instrument. Ainsi, Mariage à Mendoza, en plus d’être la bande-son parfaite pour un road-movie à travers le désert argentin, est une belle démonstration de guitare classique, comme rarement les artistes pop, pourtant adeptes de la chose, en produisent. Le titre Canon for Brother est un exemple de classicisme bluffant, qui donne l’impression d’entendre un vieux morceau latin d’Antonio de Torres, le « père » du jeu de guitare moderne.
Une histoire de famille
Le choix du duo franco-suédois pour créer la musique de cette comédie est judicieux à maints égards. D’une part parce que le film raconte le périple de deux frères, dont l’un vient d’être quitté par sa femme et l’autre est victime de troubles psychiques, qui se rendent au mariage de leur cousin, interprété par Benjamin Biolay. Or justement, Herman Dune, à l’origine, c’est aussi une histoire de fratrie, qui s’est peu à peu désagrégée au cours de leur prolifique carrière. D’autre part, leur musique, à la fois joyeuse et nostalgique, illustre parfaitement l’ambiguïté émotionnelle des rapports entre les deux frères. C’est aussi une musique qui invite au voyage. La basse rebondissante du thème principal de cette bande originale évoque l’americana de Johnny Cash et les grandes plaines sableuses des westerns spaghetti. Il y a justement dans le son, une texture, un grain qui rappelle les années 60-70, un grain qui rappelle aussi celui qui habite l’esprit des personnages du film… Enfin, avec Don’t Lie To Me, on se croirait en présence d’une nouvelle chanson des Beatles ! La ressemblance est impressionnante et leur rend un hommage discret et subtile. Voilà un album qui réchauffe et donne envie de porter un toast au temps qui passe, en attendant le retour de l’été…
Par Romain Breton
Mariage à Mendoza (B.O.), par Herman Dune, Strange Moosic Records, 13, 99 €