C’est au fur et à mesure de la disparition des légendes que l’on mesure la fin d’une époque. Celui qui fut l’un des plus grands chefs du vingtième siècle vient de s’éteindre à 92 ans, dans le village tarnais de Navès où il avait élu domicile,et où il sera inhumé ce samedi 7 janvier 2017. Né dans le Nord en 1924, de la même génération qu’un Boulez par exemple, Georges Prêtre se taille rapidement une réputation dans le monde lyrique des années cinquante, en province puis à Paris, à l’Opéra Comique et Garnier, avant d’éclore hors des frontières au début des sixties, au point de devenir le chef préféré de Maria Callas, dont il dirige la tournée d’adieu.
Si sa collaboration avec la diva grecque a laissé une empreinte discographique dans Tosca, Carmen, Norma, ou encore des récitals, il entretient également une complicité artistique avec Poulenc, dont il créé La Voix humaine en 1959 et le Gloria deux ans plus tard. Electique, son répertoire ne se limite pas à l’opéra et ne laisse pas enfermer par des étiquettes, acceptant que d’autres dénigreraient. Célébré de par le monde, il devient membre d’honneur du Philharmonique de Vienne, et le premier chef français à le diriger pour le concert du Nouvel An en 2008 – il sera réinvité en 2010. La lumière de ses yeux azurs irradiaient une direction qu’il qualifiait lui-même de « fantasque , laissant aux musiciens une liberté aux antipodes de la sévérité germanique. Ce latin dans l’âme aimépour son authentique gentillesse dont plus d’un musicien se souvient aura illuminé plus d’un demi-siècle de musique par ses interprétations parfois très personnelles. Inhumé dans le silence qu’il aura voulu pour des obsèques sans musique, le scintillement de son regard musical veillera désormais depuis l’éternité.