Sous la pelouse, la… misère. Bien sûr, il y a les multi-milliardaires, les Benzema, Ronaldo ou autre Messi. On les connaît. Leurs salaires, indécents en pleine crise, sont déclinés dans les medias ! Des gains à sept ou huit chiffres. Sans doute… Mais, il y a aussi l’envers du décor : l’Espagne, championne du monde de football, honorée pour la qualité de ses clubs, vit une impressionnante crise du ballon rond. A côté des stars évoluent des joueurs moins célèbres. Des footballeurs de série B qui se produisent pourtant dans des clubs influents et dont plusieurs dizaines … ne perçoivent pas ou irrégulièrement leurs salaires à la fin du mois !
Des chiffres ? Plus d’un quart des clubs de Liga, la fameuse première division espagnole, sont dans le rouge vif. En faillite !
Exemple, le Real Zaragoza, 13éme du dernier championnat. Il accumule 110 millions d euros de dettes, avec un budget de… 25 millions ! Malgré cela, il s’est offert les services de Roberto, le gardien du Benfica portugais pour 8, 6 millions d’euros ! Et il est loin d’être le seul. La liste est longue. Exception faite des étoiles triomphantes, du Real Madrid ou du FC Barcelone qui arbore sur ses maillots son principal sponsor, la « fondation Qatar », une vingtaine d’équipes ne bouclent pas leur fin de mois. Malgré, les ventes publicitaires, les gadgets, maillots ou autres briquets…
A l’origine, le coût exorbitant des transferts. La compétition parallèle pour s’offrir les « meilleurs » est telle que les équipes cassent leurs tirelires, empruntent, s’endettent et.. s’étouffent ! L’été dernier les clubs ont déboursé 324 millions d’euros pour faire leur « marché ». L’Atletico de Madrid, endetté à hauteur de 200 millions d’euros, a acheté le colombien Radamel Falcao pour 40 millions d’euros! Résultat, les émoluments des joueurs ne sont pas toujours honorés. Un fonds de garantie de 40 millions d’euros devant couvrir les salaires impayés a, certes, été créé. Mais, il est nettement insuffisant. Les clubs souffrent d’un endettement démesuré. Circonstance aggravante: les droits télévisés très élevés -600 millions d’euros par an !- sont inégalement répartis, le Real Madrid et le FC Barcelone, toujours eux, en raflant la moitié ! On ne cède qu’aux riches !
Parallèlement, les comptes des équipes sont mal ou peu contrôlés. Elles peuvent tout faire, ou presque. Ainsi, la loi sur la cessation de paiement en Espagne permet à un club d’échapper à la relégation sportive et l’autorise à obtenir que ses dettes soient réduites de moitié. Une aubaine ! Treize clubs en ont bénéficié cette année.
Récemment, à bout de souffle financier, l’association des footballeurs espagnols a lancé un mot d’ordre de grève. La première depuis 1984 ! Une véritable révolution dans un pays où fleurissent les paris engagés sur les résultats du Championnat. L’ouverture de la saison de la Liga a du être repoussée. Les joueurs ne demandaient, certes, pas d’augmentation de salaires. Ils auraient été souvent mal venus de le faire. Ils voulaient simplement être payés et réclamaient le droit de rompre leur contrat en cas de non-paiement de leurs gains pendant trois mois ! Plusieurs vedettes dont le célèbre gardien de but du Real, Casillas, ont appuyé le mouvement!
A la fin, enfin, un accord a minima, en forme de vœu pieux, a finalement été trouvé entre la Ligue et les clubs : il prévoit notamment que d’ici 2014 les dépenses réalisées pour acheter des joueurs ne devront pas dépasser 70 pour cent des gains réalisés par les équipes. Une manœuvre somme doute dilatoire. Bref, on verra ça demain !
Ecoeuré, le défenseur du Sporting de Gijon, Javi Poves, a raccroché les crampons et rompu son contrat avec ce commentaire :« Plus tu connais le football, plus tu te rends compte que tout n’est qu’argent, que c’est pourri et que tu perds tes illusions » ! En Espagne, il y a le feu dans la maison football!