Lors de la conférence de presse du 31 aout 2011, France Télévisions a offert aux journalistes présents un étui pour… I phone. De quoi laisser ceux qui, loin d’avoir cédé à la vague Apple ou ayant gardé leur ancien portable, quelque peu peu décontenancés. Si l’anecdote prête à rire, elle est pourtant représentative de l’impression qui se dégage en cette rentrée. France Télévision, à l’image du porte avion Le Charles de Gaulle- un mastodonte prétentieux et ingérable, est depuis plusieurs mois en IPER , indisponibilité périodique pour entretien et réparation. Un an après son arrivée à la tête de cette usine à gaz, Rémy Pfimlin nommé par l’Elysée peine en effet de plus en plus à tenir la barre, coincé entre son allégeance au pouvoir et la gestion de ses équipes.
De nouvelles émissions en panne
L’exemple de Cyril Viguier est à ce propos frappant. Il fallait voir lors de la conférence de presse de France 3 le rictus du Président lui assurant, en aparté- suite à une première émission à l’audience désastreuse- « qu’il fallait l’installer » ajoutant « On va remonter » tel un adepte de la méthode coué! Avec, comme Cyril Viguier nous le décrivait lors d’une interview en juin dernier, « des plateaux multigénérationels visant à redonner des balises et décrypter notre époque dans la confusion énorme qui règne aujourd’hui », il faut dire que ce premier numéro semblait bien loin de la ligne éditoriale. Inviter Valéry Giscard d’Estaing, Buzz Aldrin et Mireille Darc (et non Mireille Dumas dont le lapsus commis par la responsable des magazines, Muriel Rosé, rappela la douloureuse éviction pour libérer cette case de seconde partie de soirée du vendredi) était, disons le une programmation plus que « vintage » pour rester poli! Sans compter qu’un mois plus tard, Cyril Viguier qui se défend face aux rumeurs de cooptation de n’être coupable que de « délit d’enthousiasme », n’a pu attirer dans sa croisade anti promo que Rama Yade et Jean d’Ormesson. Ou encore Robert Hossein qui n’ayant rien à vendre, n’a cessé de tacler vendredi dernier le présentateur au vu de ses fiches bien mal préparées avant de recueillir ses viva pour une diatribe téléphonée contre la chasse à l’homme faite à Dominique Strauss Kahn. Voilà qui faisait peine à voir tout comme la nouvelle émission « Avant première » présentée par Elizabeth Tchoungui qui avec 1,9% d’audience confirme au delà de ses espérances le bien fondé de Rémy Pfimlin lorsqu’il nous assura début septembre que » la culture à la télévision ne se conjugue pas avec une audience de masse ». Programmée en milieu de semaine et en deuxième partie de soirée, il est difficile de ne pas s’endormir devant ces chroniqueurs écrivains qui interviewent d’autres écrivains- Jean D’Ormesson encore, vive la complémentarité des chaines !-avec des questions à peine moins longues que les réponses. Et ce n’est pas la présentatrice -quasi inexistante- le vivifiant Hector Obalk ou des portraits et de trop rares sujets finement troussés qui parviennent à rattraper un plateau plongeant dans l’ennui invités et téléspectateurs. On en viendrait à croire que la productrice Rachel Kahn qui pourtant n’en est pas à sa première émission culturelle-on lui doit Ce soir ou jamais, Culture et dépendances ou Semaine critique- a sciemment plombé l’émission pour que tous regrettent Franz-Olivier Giesbert. Autre accident industriel pour France 2, « Un monde, six jeunes » diffusé en prime time mardi dernier avec Bruce Toussaint et ses jeunes qui en voulant prouver sans grande créativité que la France n’est finalement pas un pays si mal que ça, fut battu par la chaine TNT Gulli !
Des têtes qui tombent
Alors que faire devant cette hémorragie? Prendre des présentateurs empathiques comme Olivier Delacroix qui a signé avec la très réussie série de reportages » Dans les yeux d’Olivier » des moments rares et représentatifs de ce que doit être le service public? S’inspirer de France 4 ( qui a découvert dans le passé Olivier Delacroix) dont la grille de rentrée semble être la seule du groupe à offrir pour cette rentrée de vraies belles idées comme Business Angels- pour aider des anonymes à changer de vie professionnelle ou Monte le son, un magazine plein de bonne d’humeur sur toutes les musiques présenté par Gael Leforestier? Ou faut-il chercher du coté des dirigeants comme à la tête de France 2, la récente nomination en lieu et place de Claude Yves Robin à la direction générale de Bertrand Mosca qui n’a pourtant pas laissé que de bons souvenirs sur France 3? A l’origine du carton Plus belle la vie, il est sans doute apparu dans cette berezina comme l’homme providentiel. Ainsi promet-il dans le Journal du Dimanche de cette semaine « des décisions pour fin novembre, des signaux forts en janvier » pour… ne pas sauter lui même en juin. Voilà qui promet une bonne ambiance en attendant le futur Président …de la République!