Il est du luxe comme de toute chose; à force de le côtoyer, on s’en lasse. Le Salone di Mobile de Milan ne fait pas exception à la règle, gigantesque foire du meuble de du design que seuls les plus riches peuvent s’offrir. Pas moins de 350 000 visiteurs pourtant viennent se presser à la Fiera de Milan, un gigantesque parc d’exposition au nord ouest de la ville avec des stands qui font passer Maison & objet pour un salon de pays en voie de développement. Des canapés qui ne passeraient pas la porte d’un immeuble parisien, des luminaires cathédrales, des dressing grands comme des studios, rien n’a été prévu ici pour les petites surfaces. Ni les petits budgets comme ce tabouret de bar en noyer à 1700 euros, cette table basse en ciment chez Mordesign à1 300 euros ou encore cette coiffeuse chez Armani Casa vendue 17 000 euros. Giorgio lui même était d’ailleurs présent ce lundi soir pour l’ouverture de sa nouvelle boutique Corso Venezia, premier cocktail d’une longue série jusqu’au 9 avril dans la cité milanaise. Missoni, Fendi, Kartell avec Philippe Stark, mardi soir, les VIP ne savaient plus où donner de la tête dans un Milan grouillant de monde. Et risquaient de la perdre entre le Roederer servi à volonté chez Hermès dans La Pelota, un ancien gymnase où se pratiquait la pelote basque; risotto, mozzarella di Bufala, DJ très inspiré, la nouvelle collection d’objets étaient dévoilée dans une ambiance festive tandis que chez Missoni, une rue plus loin, de très jolies plantes buvaient des Daïquiris perchées sur des stilletos. Autant dire que toute réelle visiteuse devait elle choisir des ballerines ou des tennis pour arpenter les différents show room dans la capitale ou attaquer l’allée centrale de la Fiera, bien deux kilomètres de long…
Du luxe, rien que du luxe
En plus, l’Italie étant ce qu’elle est, même au Nord, mercredi c’était grève dans le métro. Plus une rame, les grilles baissées, tans pis pour les quartiers excentrés de Tortona ou Ventura, restaient Brera et San Babila, avec pour le premier les très beaux marbres de la marque Salvatori- le plus beau venait d’une carrière française gardée secrète (220 euros le M2), à accompagner dans sa salle de bain de robinetterie Fantini en cuivre dépoli. Dans le même immeuble de la Via Solferino, les deux designers chouchous de Milan, Dimore Studio présentaient dans un vieil appartement un univers enfin bohème contrastant avec le luxe aussi glacé que les couvertures des magazines distribués dans les show room. Le paroxysme est ainsi atteint avec Bentley qui vend canapés, fauteuil en cuir sellier avec ronce de noyer et buffets qui s’éclairent lorsqu’on ouvre la porte; pour entrer sur leur stand, il fallait ainsi montrer patte blanche et surtout ranger son appareil photo qui, aux mains des visiteurs chinois ne cessaient de crépiter sur les stands voisins- de la copie en perspective…
Même politique de « by appointment only » chez Fendi qui présentait des chaises en velours très couture, des chambres de star hollywoodienne avec avalanche de coussins soyeux. Entre Moltoni, Poltroni, Cassina, B&B ou Miniforms, le design italien était en force avec néanmoins de belles maisons étrangères comme les allemands Zeitraum dont on peut retrouver chaises et autres meubles rue des Archives à Paris, les danois Carl Hansen & son pour leur chaises tressées ou encore les espagnols Nomon Clocks pour d’aériennes pendules murales.
Louis Vuitton avait enfin investi avec ses objets nomades un palazzo Corso Venezia avec de magnifiques créations d’India Mahdavi, Marcel Wanders ou l’Atelier OÏ comme cette balancelle en corde et cuir. On n’a pas osé demander le prix, préférant passer dans le Flagship de Zara Home, non loin de là, avec l’idée qu’on peut enfin s’y offrir une assiette…
Par Laetitia Monsacré