« Quand on voit ce qu’on se tape et ce qui existe! ». La phrase est des « Inconnus » et, dieu sait si elle s’applique bien aux filles sublimes qui descendirent les marches dorées du show Versace. Roulées et vêtues comme des déesses, éclairées comme des œuvres d’art au point de sembler irréelles. C’était lundi matin, premier défilé de la semaine et de la maison Versace (voir images) en Haute Couture depuis huit ans. Pas d’attente, pas de pastilles, tout le monde condamné à être debout, y compris Cameron Diaz, Diane Kruger, Ludivine Sagnier et Anna Wintour, si, si , lovée dans sa fourrure et bottée comme pour aller en forêt-ici la jungle urbaine de trois jours de défilés-douze « officiels »(voir article) et pléthore de off- dont les invitations, superbes enveloppes aux écritures stylisées, rivalisant de chic ou d’originalité-genre étui à baguettes chinoises-vous parviennent quelques jours auparavant, autant de promesses à un peu de luxe et volupté, vu qu’elles vous donnent rendez-vous au Meurice, au Crillon ou au Shangri La- on songe à pire.
Carton sésame
Oui, mais voilà, à part Versace qui a eu l’idée de vous laisser debout pour voir des filles qui descendaient les marches comme on avance sur un élastique-on ose imaginer comment on peut monter dans un 4X4 avec une telle robe, au demeurant sublissimes – il faut comme dit précédemment avant-beaucoup attendre. Alors, passée la satisfaction d’entrer devant tous les péqueux qui attendent de voir des stars avec leurs appareils numériques à bout de bras, il faut apprendre l’art de la patience et regarder autour de vous. Avec condescendance si vous êtes assis au front row- premier rang, avec naturel, si vous êtes au second. Quand au standing, vous n’existez pas. Vous rentrez en dernier, comme une faveur et vous êtes prié de dégager au plus vite dès la fin du show. Donc, on attend et on regarde. Beaucoup de femmes sont habillées, genre je suis une cliente comme chez Chanel où l’uniforme est total look au risque de passer pour une vendeuse. D’autres sortent bijoux et fourrures-résolument de saison, ayant oublié cette campagne de pub où les spectateurs du premier rang finissaient éclaboussés par le sang des animaux tués pour faire les manteaux défilant sur le podium et que la mode, la mode existe. Mais là, la saison, c’est printemps/été et donc c’est plutôt des robes décolletées et plissées que Madame Grès n’aurait pas renié pour Basil Soda, un styliste libanais qui a offert un bal de robes de princesses aériennes et inspirées dans l’austère couvent des Cordeliers. Dentelles, georgette, soie translucide, du rose, du chair, du gris perle, les clientes du Moyen Orient doivent adorer tout comme Emily Blunt ou Kate Perry qui l’ont déjà élu pour les red carpet et autres remises de prix .
Jamais sans mes stilettos
Du très beau off, en tout cas supérieur à la collection présentée par de la polonaise Eva Minge, tout en noir et blanc, avec du tulle un peu partout et des choucroutes sur des filles qui défilèrent presqu’avec une heure de retard-mais on a eu un vraiment très joli foulard en cadeau-devant Adriana Karembeu ou Yasmina Benguigui, pas tout à fait le même public que Dior ( voir défilé) où Natalia Vodianova, Inès de la Fressange- genre baroudeuse – et Bar Rafaeli assistèrent à un défilé très New Look avec des silhouettes hommage à Grace Kelly, les stilettos avec des talons de 20 cm en plus. Un peu les mêmes que celles de Karine Roitfeld qui termina ces collections, escortée par son chauffeur veillant à ce qu’elle ne tombe pas en sortant du musée éphemère Prada dans un Conseil économique et social, place Iéna, relooké de néons roses et de statues en plexiglass, pour une raison encore inconnue sinon celle de finir les défilés avec du champagne, du champagne, du champagne. De quoi tenir jusqu’au 28 février, début de la Fashion week, avec les défilés de prêt à porter, dix jours de marathon et des centaines de défilés- on peut ici se lancer avec quelques morceaux de tissus -contrairement à la Haute Couture, on vous racontera….