Diffusée sur Netflix, la série américaine Emily in Paris rencontre un franc succès dans sa présentation d’une capitale digne de Disneyland. Tout y est beau et parfait ce que n’infirme pourtant pas la réalité des chiffres. Chaque année, Paris se vide de ceux qui y résident. Avec 2 162 598 habitants en 2020, selon les chiffres dévoilés jeudi 29 décembre 2022 par l’Insee, la capitale a perdu plus de 95 000 habitants depuis 2009 alors qu’elle en gagnait encore 3 700 en moyenne par an entre 2008 et 2013. La faute à qui? Si l’on considère que le maire d’une ville est responsables de ses édiles et de ce qu’ils vivent au quotidien, il est difficile de ne pas citer Anne Hidalgo. Que ce soit en tant que propriétaire dans une copropriété, locataire dans un immeuble, propriétaire d’un chien, d’une voiture ou d’un scooter, la vie est loin d’être aussi rose à Paris que pour Emily. Commençons rive droite, dans le quartier des Abbesses du 18ème arrondissement, ô combien boboisé où l’on peut croiser le couple et leurs enfants, Mélanie Thierry, actrice et Raphaël, le chanteur.
De Montmartre
Construit sur une carrière de schiste, les petites copropriétés, autrefois des maisons, bougent sans cesse, ce qui implique d’avoir un syndic sacrement à la hauteur, notamment en l’absence de concierges ou de local poubelles. Infiltrations, colonnes d’eau fuyardes, caves soutenues par des étais, on est resté au XIX ème siècle; à la différence des tags, collages de féministes, police injoignable pour les tapages nocturnes ou les terrasses qui s’étendent sans autorisation, bref même dans une impasse, le bruit règne la nuit quand ce n’est pas les fumeurs de cannabis ou de cartouches de gaz hilarants qui jonchent le trottoirs au petit matin. Rajoutez l’odeur de pisse et les matelas ou encombrants en tous genre qui transforment le quartier en poubelle géante. Cela pour des propriétaires qui payent plus de mille euros de charges par trimestre pour 60 m2, bien sûr sans ascenseur, 758 euros de taxe foncière et 1715 euros de taxe sur les logements vacants s’ils n’ont pas trouvé un locataire capable de supporter toutes les nuisances pré-citées. Sur cette butte Montmartre bien nommée, mieux vaut être un bon marcheur qu’équipé d’un vélo, où les locaux pour les entreposer n’existent pas. Si vous cédez aux chant des sirènes vous invitant à acquérir avec 300 € d’aide de la mairie à l’achat d’un vélo électrique, comptez une semaine avant de vous le faire voler et oubliez la plainte au seul commissariat de l’arrondissement, celui de la goutte d’or, qui a autre chose à régler, y compris le vol de votre portefeuille sous la dizaine de caméras installées à l’entrée du boulevard Barbès. pas besoin de préciser qu’il vous faut y oublier la voiture et se déplacer sous le sol à moins de vouloir lire l’intégrale de Proust dans le bus qui aurait le malheur de passer par la nouvelle Place de la bastille aménagée ou encore dans le 19ème qui est désormais aussi embouteillé que l’hyper centre de Paris, avec de belles allées pour les vélos. Quant à la rue de Rivoli, c’est à vos risques et périls d’être bloqué, verbalisé en allant chercher de l’essence à 2,32 euros le litre de sans plomb.
A l’Odéon
Mais traversons donc la Seine, pour aller du côté de l’arrondissement le plus cher de paris, le 6ème, comptez 20 000 euros le m2, souvent à rénover. Le locataire n’y sera pas plus chanceux s’il atterit dans un hôtel Particulier du XVIIème, là où le baron Haussmann n’a as eu le temps de finir son boulot en prolongeant la rue de Rennes jusqu’aux quais. Il risque, en effet, d’atterrir chez des aristocrates louant « leurs combles » non isolés-DPE à F voire G avec des parties communes refaites à grand frais jusqu’aux étages nobles, après c’est Marioupol, avec des WC à la turque condamnés faute d’eau, des ampoules qui pendant aux plafonds quand elles sont changées et une concierge qui lorsqu’elle ne daigne plus monter tout en haut, subtilise allégrement vos courriers, paquets et recommandés même sans procuration. Gardienne de la clé de la cave comme si elle contenait les bijoux de la Couronne, vous risquez d’être privé d’internet pendant des mois avant que le 17 n’envoie une patrouille-là, ça marche mieux que dans le 18ème arrondissement, pour lui sommer d’ouvrir la porte. En revanche, avec un code inchangé depuis dix ans (et bloqué à 22 heures comme dans une pension de famille), votre vélo ou trottinette n’y a pas, dans la cour, une espérance de vie supérieure à celle de la rive droite. Pour la voiture, c’est plus simple depuis que de 3,50 € la semaine en résident, on est passé à 9,30 €- on vous laisse calculer la hausse- avec jusqu’à deux passages par jour d’une voiture verbalisante appartenant à une société privée. Tans pis pour les chiffres de Pôle Emploi pour les anciennes contractuelles. Une fois garé, il faut toutefois accepter de vivre la peur au ventre de retrouver sa voiture « recarrossée » par les camions, les rétroviseurs explosés tous les mois quand ce n’est pas avec un pneu éclaté et le pare choc plus bas de caisse arrachés si elle est restée trop longtemps stationnée au même endroit.
En passant par la Courneuve
Car, dans ce cas là, il vous faudra d’abord la croire volée sur le site paris.fr ou en commissariat, en attendant qu’au quatrième jour, vos ne receviez un recommandé de la fourrière de la Courneuve. Heureusement, les garages de là-bas y sont plus rapides, agréables et moins escrocs que celui de Rover Jaguar Arc de Triomphe (une batterie en panne, et on vous y change la colonne de direction pour 9000 €, la voiture retombant en panne à a sortie de l’atelier, merci Mr Antoun); recommandation spéciale de Bro Pro Auto à Nogent sur Marne, demandez Abdou ou Yacyne. Et si l’envie vous vient d’éviter ce genre de désagrément, sachez qu’il vous faudra investir dans la location d’un parking à 400€ par mois, surtout si vous possédez également un scooter, le tarif résidentiel ne s’appliquant qu’à un seul véhicule immatriculé. Vous me direz, reste la marche! D’accord, mais en dehors des week-end où les trottoirs du quartier, justes assez larges pour deux personnes, se remplissent comme les Champs Elysées. Ou la course! A condition de supporter la pollution du boulevard Saint Germain ou des quais, depuis que la Voie Pompidou et ses tunnels sont devenus le joli environnement pour un jogging. Quant à promener tranquillement son chien, un maître bien élevé en sera réduit à garder son sachet de déjections à la main de quoi se la réchauffer un bon moment avant de trouver une poubelle. Fi des dépenses sus relatées que vivre à paris impliquent, JimlePariser fait cadeau de ce script à la production de Emily in Paris, avec une hâte certaine de voir l’épisode que cela ferait. Netflix, c’est quand vous voulez!
Par La rédaction