Féérie Générale, récompensé par le prix Médicis 2012, montre notre époque à la façon d’un arbre déployant son tronc jusqu’aux branches et aux feuilles, avec un dynamisme aussi bien dans sa structure en sept histoires que dans le langage adopté et la diversité des thèmes. Une variété que l’on doit à l’idée même de la narration :Emmanuelle Pireyre s’est ainsi inspirée de chacun des textes qu’elle a pu lire depuis son dernier roman, multipliant les sources et les genres, si bien que l’on reconnaît dans ce quatrième roman autant de faits divers extraits de l’actualité que d’essais philosophiques ou de clins d’oeil littéraires.
« Le philosophe ne dit rien stricto sensu sur le snowboard »
Les sujets sont comme une explosion de mots-clefs contemporains autour desquels l’auteur construit une histoire, avec un point de vue qui demeure somme toute très occidental : l’économie, le voile, le langage du net, la dépression, le cynisme de nos adolescents, les hackers… Ils font ainsi écho aux lecteurs contemporains, imitant aussi bien l’effet zapping de l’information d’aujourd’hui, passant d’histoires en histoires, de références en références, de personnages en personnages, tout cela ponctué par la « collection de baisers », parenthèse tendre de choses qu’on aime à entendre. L’effet d’ensemble, s’il retranscrit bien l’ambivalence et l’effervescence de la société, peut toutefois prêter à confusion, en l’absence d’une cohérence narrative générale. Reste l’ironie qui apporte en justesse et en humour, même si l » on ne repère pas à première vue qu’il y a une théorie à bord de la pirogue »…
Par Marie Fouquet
Féérie Générale, Emmanuelle Pireyre, L’Olivier, 19€