1 septembre 2017
Elève Jupiter : « Doit faire ses preuves… »

 


C’est la rentrée ! Après quelques semaines de silence, inspiré par le Président de la République himself, le griffon reprend du service. Et même si l’automne 2017 s’annonce plus serein que l’automne 2016, il ne faudrait pas sous-estimer nos chers hommes politiques et leur capacité immense à nous surprendre. Gare au calme qui précède la tempête. Pour l’instant tout est plutôt sage, les français sont encore ramollis par leurs longues heures de farniente, certains sont encore en vacances, d’autres enfin sont à peine revenus au travail et rêvent déjà à leurs prochaines escapades. L’été en soi ne fut pas de tout repos. De longues séances anarchiques à l’Assemblée Nationale, tout de moins dans leur déroulement, symbole parfait de l’impréparation de bons nombres de députés LREM, ont ponctué le mois de juillet et même si août eut une apparence studieuse, les nombreux projets de lois ou d’ordonnances prévus par le gouvernement adoptaient une gestation bruyante propice à la naissance de conflits majeurs pour les semaines qui viennent. Et pendant ce temps, l’olympe jupitérien s’enorgueillissait de présider autrement, loin du clapotis, certain de sa position et de sa tactique silencieuse. Bien mal lui en aura pris puisque c’est avec un handicap majeur dans l’opinion que le Président de la République entame la première phase difficile de son quinquennat. Jusque là les français faisaient preuve de clémence, désormais, et encore plus durement que ses prédécesseurs, ils lui font connaître le déplaisir de la défiance. Voilà son plus grand objectif pour cette rentrée et l’année qui s’annonce, redonner confiance, retrouver le chemin du dialogue serein avec les citoyens et se sortir de la nasse politique que représente le désamour. Mais nous le savons tous l’homme a de la ressource. L’homme, quel que soit le jugement que l’on porte sur lui, est doué et sans doute capable comme tous les bons élèves de se remettre en question. Après tout qui, il y a un an, aurait parié un kopeck sur son destin élyséen ?

Flashback et prospective

Qui aurait cru il y a un an qu’une escouade d’inconnus, de semi-inconnus et d’hommes politiques en rupture de ban avec leurs propres partis nous gouvernerait ? Alain Juppé semblait enfin pouvoir toucher des doigts son destin si longtemps désiré, Nicolas Sarkozy n’en démordait pas, oui il prendrait sa revanche face à François Hollande, ce brave François  s’y voyait encore, certain de pouvoir, le moment venu, incarner le rassemblement de la gauche, des écologistes et des démocrates. Marine Le Pen, assurée d’avoir capté la colère des français et surfant sur la vague populiste du Brexit puis de Donald Trump, s’imaginait déjà en madone de la souveraineté française ! Mais patatras, tous ces zigues se sont faits dépasser par un gamin de 39 ans qui en plus de leur faire la nique les a, pour la plupart, remisés au placard de l’Histoire, place douillette pour ressasser leurs aigreurs et leurs espoirs déçus. Oui l’élève Macron a de la ressource mais qu’il ne s’y méprenne pas, sans résultats tangibles la confiance placée honnêtement en lui par une bonne partie des électeurs s’évanouira très vite. Et quitte à se répéter comme un vieux professeur préparant ses élèves au baccalauréat : sans travail, sans résultats et sans confiance, il ne peut rien arriver de bon ! Or qu’en est-il aujourd’hui ? La France ne s’est pas métamorphosée en une marcheuse résolue, bien au contraire, elle semble être reluctance face à la pusillanimité du pouvoir en place. 40%, à peine, d’opinions favorables. L’année commence mal ! Mais comme dans toute salle de classe, il faut avoir un regard d’ensemble et ce sont souvent les performances des autres qui nous assurent un peu de répit voire de satisfaction et de ce côté là Emmanuel Macron peut se rassurer. Ses congénères, embarqués à ses côtés dans cette séquence inédite sous la Vème République, sont pour l’instant bien incapables de lui voler la vedette, voire de le battre ou de le surpasser.

What’s next ?

Ni l’élection du nouveau président des Républicains, ni les chicayas frontistes, ni la fureur mélenchonnienne ne semblent pour l’instant être des sources d’inquiétude pour l’exécutif. Au contraire ! Les foires d’empoigne et les règlements de comptes qu’elles supposent vont ravir les partisans du pouvoir, certains d’être les seuls à être dignes et capables de diriger le pays. Prenons l’exemple des Républicains qui comme leurs ancêtres de l’UMP vont sans doute nous offrir avec délectation une élection sans sérénité aucune, émaillée de petites phrases assassines et pourquoi pas, nous l’avons tous encore en mémoire, de triches phénoménales ! Sur un plan plus prosaïque, il est étonnant de voir que pour l’instant la droite semble se choisir comme avenir et comme destin Laurent Wauquiez. Certes l’homme porte beau et parle bien mais il représente aussi cette droite autoritaire, conservatrice et identitaire, qui ni avec Sarkozy en 2012, ni avec Fillon en 2017 n’a semblé rencontrer un écho favorable auprès des français. Enfin, il faut se demander qui suivra et qui adhèrera à ce projet ? Quelle droite le président de la région Auverge-Rhône-Alpes sera-t-il amené à diriger ? La droite constructive prête au dialogue avec Macron ou la droite dure désireuse d’adopter de nouveau la ligne sévère du RPR des années 90 quitte à faire des concessions à l’extrême-droite ?

Le pouvoir de supériorité d’Emmanuel Macron réside dans le fait qu’il a su pulvériser ses oppositions et ses concurrents en les réduisant à des pièces de puzzle qui pour l’instant n’arrivent toujours pas à s’emboîter correctement. La multiplication des chapelles partisanes à droite comme à gauche, où le Parti Socialiste semble s’être engagé dans un long coma mortifère, est une chance pour Jupiter. Une chance simple qui réside en une seule idée typique d’une salle de classe : c’est la médiocrité des autres qui vous donne la possibilité de briller !

Par Ghislain Graziani

 

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