Le Théâtre de la Colline continue son exploration de l’auteur finlandais Arne Lygre. Après Jeg forsvinner-Je disparais- créé par Stephane Braunschweig en 2011, voilà pour cette nouvelle saison Rien de moi. L’histoire de cette courte pièce parait simple: un couple tout juste formé, interprété par Chloé Réjon et Manuel Vallade, s’installe dans un nouvel appartement. Dans l’exaltation et l’insouciance apparente, le couple meuble petit à petit l’appartement. Pourtant la joie des commencements se mêle à une inquiétude sourde qui va rapidement prendre le dessus.
Plus près du laboratoire que du nid douillet, l’appartement d’une blancheur éclatante va être le lieu d’une expérience, la tentative du couple de se reconstruire. Affectés chacun par un passé douloureux, le deux personnages voient dans cette rencontre une occasion de repartir à zéro. Pourtant l’expérience va vite dégénérer avec l’arrivée d’éléments pathogènes, les fantômes du passé. L’irruption de Luce Mouchel, qui interprète plusieurs rôles les uns à la suite des autres, est à cet égard aussi troublante que brillante.
Une mécanique de tragédie
La tension qui règne dans les échanges est digne d’une tragédie classique, où les personnages tentent désespérément d’échapper à leur destin. Mais le sel de la pièce ne provient pas seulement de cette lutte, elle émane également de l’écriture très particulière d’Arne Lygre. Par la description permanente de leurs pensées, telle une introspection permanente, les comédiens par être autant spectateur qu’acteur, comme s’ils racontaient a posteriori cette histoire. Ce mécanisme renforce l’impression qu’une mécanique implacable s’est emparée du destin du couple. C’est au final un regard sombre sur l’être humain que pose Arne Lygre, incapable dans cette pièce de surmonter certaines épreuves.
Par Florent Detroy
Theatre de la colline
Rien de moi, d’Arne Lygre, mis en scène par Stéphane Braunschweig
du 01 octobre au 21 novembre