Comme si l’humanité passait désormais par le soin attentif, non de l’autre, mais d’un pigeon blessé, deux films aux antipodes l’un de l’autre, en témoignent actuellement à l’affiche, La vie en vrai et Showing up. Le premier est une comédie française façon »feel good moovie » où Dany Boon et Kad Merad se donnent la réplique en demi-frères que tout oppose; l’un est né et a grandi toute sa vie au Club Med, seul avec sa mère, des tongs aux pieds et une ignorance totale de la vie à l’extérieur du club. L’autre vit à Paris, a tout perdu avec son divorce, relégué à être chauffeur de VTC, acariâtre et terrorisé par son fils absent lorsqu’il n’est pas violent. Décidé de sortir de son eldorado pour retrouver une gamine dont il était tombé amoureux lorsqu’il avait huit ans, Tridan-sic- part à sa recherche à Paris, comble forcement de l’hostilité, surtout lorsqu’il découvre que l’on doit y payer son addition et marcher avec des chaussures de ville. Dialogues enlevés, situations cocasses ou gags lourdingues comme lorsque Tridan prend le volant de la « berline » de son frère, si Dany Boon en fait des tonnes en GO « ravi de la crèche », c’est à Charlotte Gainsbourg que revient la fraîcheur dans son personnage de nymphomane qui découvre le romantisme et de fait, l’amour.
L’être et le néant
Dans Showing up de la réalisatrice américaine Kelly Reichardt, l’amour est absent, seul l’art compte et cette foutue exposition de ses sculptures à laquelle Lizzie, (remarquable Michelle Williams qui passe du personnage solaire de la mère de Spielberg dans The Fabelsman à celui d’une artiste terne et éteinte), tente de se consacrer. Habillée comme l’as de pique, en vêtements informes et espadrilles portées avec des chaussettes, il lui faut pourtant nourrir son chat; s’occuper, après l’avoir jeté avec dégout par la fenêtre comme une araignée, du pigeon que sa voisine a recueilli, rendre visite à son père squaté par un couple de parasites et s’inquiéter de son frère qui ne va pas très bien dans sa tête, surtout depuis qu’il ne reçoit plus Channel 4 à cause de ses voisins. Bref, à part la création artistique, il ne se passe rien dans ce film qui a de quoi rendre neurasthénique un clown. Facile alors de deviner lequel des deux films a reçu les éloges de Télérama pour souligner « la magie » face aux aléas de la vie contre une « comédie caricaturale avec un personnage bien plus nigaud que naïf ».
AW