Le Caca’s club, vous vous souvenez? C’était le club branchouille et chic réunissant des jeunes biens nés qui se fendaient d’être cyniques dans les années 80 et rassembla Emmanuel de Brantes, Jean-Pierre Copé, Edouard Baer et…Frédéric Beigbeder. Autant dire des incontournables aujourd’hui, quels que soient les chemins choisis. Après l’écriture, le dernier vient de choisir de mettre en scène son livre « L’amour dure trois ans » avec une promotion digne d’un réalisateur confirmé. Du buzz, du buzz, du buzz et…du vomi. Car si le générique commence fort, façon clip publicitaire à vous rendre amoureux de l’amour-le garçon sait faire, il a passé des années dans la pub, la suite vous donnera une idée- à suivre le héros, Gaspard Proust hagard, qui s’adresse au spectateur tel un interminable « au secours »- qu’écrire n’est pas filmer et qu’une bonne plume peut faire un lamentable film. Donc, le vomi. La scène se passe dans une voiture; Alice, Louise Bourgoin, cliché vivant de la fille libérée, conduit mal, très mal; le héros vomit dans sa voiture et elle aussi. Scène 2, après avoir fait la fête comme il se doit, le héros se réveille dans son vomi et Alice arrive chez lui. Scène 3, sur un banc, Joey Starr, le héros et une troisième comparse imaginent à quoi ressemble » la chatte » des femmes qui passent- American Pie à la française. Avant il y aura eu des vues de Guétary, avec un dialogue inspiré- » ô que c’est beau », des SMS qui s’affichent sur l’écran ou des phrases dont Beigbeder est si fier de la profondeur qu’il les fait défiler sur l’écran. Après je ne sais pas, je suis sortie en pensant à toutes les choses qui me seraient désormais interdites en osant écrire ces lignes: entrer au Montana ou Castel, ces boites people où il est un peu comme chez lui, être invitée sur Canal Plus où il a une émission, publier un livre chez les éditeurs dont il est copain et marcher tranquillement rue Bonaparte où il habite. J’ai réfléchi et je me suis dit que le plaisir d’écrire ces quelques lignes était plus important et que peut-être il n’en entendrait pas parler. Je prends donc le risque…
Par Laetitia Monsacré
En bonus, la critique du Figaro.fr,attention pépite, quand Beigbeder a son nom à coté de ceux de Woody Allen ou Sacha Guitry…