Si la question des migrants n’étaient pas encore aussi brûlante que ces derniers jours, nul doute que Jacques Audiard a su pressentir combien elle pourrait être d’actualité en réalisant Dheepan, Palme d’or au dernier festival de Cannes. Des camps de réfugiés aux trottoirs parisiens à vendre des serre- têtes lumineux pourchassé par la police, puis à ce travail de concierge dans une banlieue parisienne gangrenée par le trafic de drogue, le personnage principal du réalisateur du Prophète ou De Rouille et d’os montre comment la guerre qu’on a fui peut resurgir de l’autre côté du périph; la difficulté d’intégration dans un pays dont on ne parle pas la langue et la violence qui remplace une autre lorsque l’on a la malchance comme ce réfugié tamoul de retomber dans une zone de non droit, où les armes sont toujours aussi présentes. Et tans pis si la France comme terre d’asile en prend un coup et que la happy end donne le beau rôle à l’Angleterre. Le film est dur, peut sembler grotesque dans la scène apocalyptique où ce gentil concierge se transforme en guerrier impitoyable pour aller rechercher dans la tour voisine sa fausse épouse; le film n’en reste pas moins une vision accablante de ce que la vie d’un migrant peut rester de cauchemardesque, troquant une guerre contre une autre.
AW