De 1942 à nos jours, des centaines d’artistes ont dessiné la Shoah. La disparition des victimes et des témoins de ce crime unique dans l’histoire pose inexorablement la question de sa représentation y compris via la bande dessinée qui se présente ainsi à son tour comme un outil de transmission de mémoire et de médiation de première ampleur. Si beaucoup connaissent et reconnaissent la qualité de Maus, le chef d’œuvre d’Art Spiegelman, d’autres auteurs de bande dessinée ont aussi parlé de la Shoah depuis la fin de la guerre. Les trois commissaires d’expositions Marie-Édith Agostini, Joël Kotek et Didier Pasamonik ont réalisé un travail de fourmi pour en sélectionner les plus importants. Cela va d’Horst Rosenthal avec son exceptionnel Mickey au camp de Gurs, précurseur de Maus, dessiné en 1942 en captivité avant que son créateur ne soit gazé à Auschwitz à l’Israélien Assaf Hanuka, Eisner Award du meilleur auteur étranger 2016, en passant par Edmond-François Calvo et son La Bête est morte, pionnier de la représentation de la Shoah en BD. Autres contributeurs, Jean Graton, futur créateur de Michel Vaillant, dessinant la Shoah pour L’Oncle Paul dans Spirou en 1952 sur un scénario de JM Charlier, Will Eisner, Joe Kubert, Wolinski, Miriam Katin, seule rescapée de la Shoah à avoir réalisé son témoignage en bande dessinée ou encore Jean-Philippe Stassen, sans oublier Art Spiegelman bien sûr dont le Maus a reçu le Prix Pulitzer, autant d’artistes à retrouver dans cette exposition très réussie et de fait, incontournable.
Par Frédéric Bosser
Shoah et bande dessinée, 1942-2017 : 75 ans de représentations de la Shoah dans la Bande Dessinée au Mémorial de la Shoah jusqu’au 30 octobre 2017