Portez un masque de jade maya, il vous apportera la vie éternelle! Telle était leur utilité, lors des rites funéraires qui transformaient le souverain en un être divin. Une fois porté, il pouvait accéder aux points de passage vers l’autre monde, celui du cosmos. Une quinzaine de masques avaient été découverts par des archéologues, il y a à peine dix ans. Le Mexique accepte exceptionnellement- l’exposition avait été annulée après la prise de position du Président Sarkozy dans l’affaire d’otage mettant en cause Florence Cassez- de les exposer hors de ses frontières afin de plonger le public parisien dans l’univers sophistiqué et mystérieux de cette culture millénaire. C’est ainsi que la Pinacothèque de Paris propose de mettre en avant un autre aspect de la culture maya : la sculpture, expression du cosmos dans leur univers temporel. De quoi mettre en valeur tout l’art du rituel avec une reconstitution des tombes funéraires des dirigeants et par une présentation simple, agrémentée de lectures.
Composés d’une mosaïque de jade, des yeux de coquillages, une pointe noire dans leur regard et parfois des oreilles en escargots de mer, ces masques étaient associés au monde surnaturel et incarnaient la pérennité, la fertilité et la renaissance. Ces œuvres sont datées de la période dite classique, entre 250 et 900 de notre ère, l’apogée de la civilisation des Mayas. On s’imagine déjà sur un des magnifiques sites de Chichén Itzá, Tulum ou Tihal, assis sur un trône d’une des cités-Etats, prêt à entrer en guerre contre les peuples ennemis.
Les Mayas croyaient que tous les êtres vivants et les objets inanimés qui constituent l’univers possédaient une essence spirituelle et interagissaient de manière constante. Le jade était pour eux la pierre divine, sa couleur verte, couleur du sacré-à l’inverse des Incas qui vouaient une adoration pour l’or. Cette pierre verte était un élément de la même nature que le ciel et l’océan primordial, source première de la vie où résidaient les dieux créateurs. Les cérémonies funéraires ouvraient une porte vers le cosmos et demandaient la pluie à K’awiil, dieu du maïs, pour la prospérité des récoltes. Pour cela, les Mayas pratiquaient la déformation crânienne pour invoquer et personnifier la divinité. Les élites passaient dans l’autre monde, auprès des dieux et pour l’éternité.
Par Sylvain Gosset
Exposition à la Pinacothèque de Paris du 26 janvier jusqu’au 10 juin