Elle, c’est Tal. Une jeune française de 17 ans habitant Israël depuis peu avec ses parents. Son frère, militaire, se bat contre les Palestiniens. Lui, c’est Naïm. Un palestinien de 20 ans, qui traîne avec ses amis dans la bande de Gaza –rêvant d’horizons inconnus au-delà du mur et de ses frontières- dont le père est décédé et la mère médecin dans un hôpital surchargé de victimes des violences entre les deux pays. Deux destins différents mais liés par un conflit qui dépasse leur volonté. C’est une bouteille à la mer – d’où le titre du film de Thierry Binisti tiré du livre de Valérie Zenatti – qui va les rapprocher, malgré la distance et la haine entre leurs deux peuples marqués par un conflit enraciné depuis déjà trop longtemps.
« Les attentats c’est comme les accidents, t’as de la chance ou pas » résume Tal, choquée par l’explosion du café d’en bas. Dans un quotidien rythmé par la peur des bombardements ou des attentats – de kamikazes pour les Israéliens et de lâcher de bombes aériennes pour les Palestiniens, ils ne cherchent pas une solution, ils sont simplement des exceptions. Deux antagonistes qui entretiendront une correspondance par mail. Naïm apprend le français, découvre le poème de Prévert, « Inventaire ». «Une pierre / deux maisons / trois ruines /quatre fossoyeurs ». De quoi le faire blaguer: « Prévert était surement Palestinien » .
Deux pays, deux jeunesses
La caméra suit les regards effrayés comme lorsque Tal descend d’un bus après avoir aperçu un homme serrant son sac, peut-être plein d’explosifs. Et montre en parallèle de la jeunesse israélienne, dorée et aisée, face à celle des gazaouis cherchant à survivre, égrainant le temps à jouer au carte ou à regarder désespérément la mer.
« Le conditionnel est la langue des Palestiniens ». Si je pouvais partir ? Si nous n’étions plus opprimés. Si.. Le film n’apporte pas de jugement sur les coupables mais laisse juste un aperçu des deux côtés de ce mur de 700 km de long destiné à empêcher toute « intrusion de terroristes palestiniens ». Il en reste un message de paix, un peu naïf. Et d’espoir. Au fond, n’est-ce pas ce qui reste à ceux qui n’ont plus rien ?
Par Sarah Vernhes
En salle le 08 février 2012.