Cet hiver, malgré le réchauffement de la planète que les grands ce monde aimeraient bien contrôler comme le reste, demeure un temps où les cinémas sont un bon endroit où passer ses soirées. Entre Mia Madre, beau film sur la mort de Nanni Morreti, les passages sur le difficile métier de réalisateur sont un peu moins heureux n’en déplaise à la critique unanime, l’indigeste Knight of cups, dernier Terrence Malick- on vous en avait déjà parlé au Festival de Deauville- voilà juste le film essentiel et nécessaire à voir cette semaine, cela sans attendre demain! Car le documentaire du même nom, Demain, de Cyril Dion-cofondateur de l’association Colibris avec Pierre Rabhi- et de Mélanie Laurent est un bonheur d’intelligence et d’espoir sur ce qui nous attend. Jérémy Rifkin, un des grands penseurs de notre siècle, le dit; si on ne fait rien, c’est une sixième extinction de l’espèce qui nous attend, celle que nous vivons s’étant enclenchée en deux siècles de sur-industrialisation après que les cinq autres aient eu lieu en 450 millions d’années. « J’ai moi-même sous estimé dans mes prédictions la vitesse à laquelle notre planète se dégrade » ajoute-t’il.
Le monde sans Monsanto
Bigre! En quatre chapitres- l’eau, l’énergie, l’économie, la démocratie, l’école, pas de catastrophisme pour autant dans ce film ludique et épatant qui nous montrent des acteurs formant à eux tous un « écosystème vertueux ». Autant de personnes qui, du fermier au chef d’entreprise en passant par un proviseur ou un éboueur ont choisi de ne « pas marcher » dans le monde tel qu’il nous est vendu par les multinationales. Et faire comme les plantes, se nourrir des richesses des autres à l’images de ces plants de tomates qui poussent sans engrais ni pesticides, protégés par des pieds de basilic des insectes. la permaculture comme on l’appelle qui leur rapporte financièrement parlant au m2 plus qu’un agriculteur dans la Beauce avec ses centaines d’hectares.« On a découvert qu’à la main, on pouvait faire des choses que l’on ne peut pas faire à la machine » s’amuse Perrine de la ferme du Bec Helloin, en plein Pays d’Auge. Une initiative qui confirme que nourrir 10 à 12 milliard d’individus est tout à fait possible sans Monsanto et compagnie ce qu’avait depuis longtemps prouvé Marie Dominique Robin dans ses documentaires qu’Arte diffuse avec bonheur.
Cher compost
Se passer du pétrole, énergie fossile et donc en voie d’extinction comme beaucoup d’espèces végétales et animales avant que notre tour ne vienne, voilà sans doute une des clés. Et comme le changement viendra plus facilement des villes que des Etats, nous voilà à Copenhague, là où la COP a fait flop, mais première ville bio au monde, avec moins 40 % d’émissions de carbone par rapport à 1999. D’une prison sur l’Ile de la Réunion où les détenus s’occupent d’un potager à l’entreprise Pocheco qui recycle tout et offre à ses employés une éthique de la relation proche du paradis, des PME suisses qui jouissent de leur monnaie WIR qui évite la spéculation et l’évasion fiscale-« sans intérêt, pas d’intérêt! »– Mathieu Pigasse aurait dû donner l’idée à La Grèce, lui qui en était le conseiller pour la FMI-cqfd, on constate au fur et à mesure des arguments que le bio, ce n’est pas la décroissance bête et méchante mais consommer moins et mieux; et rendre plus heureux comme ces éboueurs de San Francisco qui caressent leur tas de compost comme le corps de leur bien-aimée. « Je ne veux pas finir comme le poisson lune qui grossit jusqu’à ce qu’il explose » commente Rob Hopkins, un anglais qui est en train d’inventer à Bristol et dans d’autres villes anglaise, l’économie résiliente.
Rajoutez que la bande originale est aussi efficace que les arguments « Everybody knows the good guys have lost, That’s how it goes » de Leonard Cohen, et un fin qui démontre que l’école est la planche de salut, mais malheureusement pas celle que l’on a en France. Il y a de l’espoir mais beaucoup de travail. Mais comme demain est un autre jour, n’est-ce pas Miss Scarlett?
LM