On l’attendait elle aussi. Après son magnifique et dévastateur Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan a pris le temps de souffler. Quatre ans après cet ouragan qui lui est tombé dessus comme elle le décrit si justement dans D’après une histoire vraie, ponctué d’ une parenthèse filmographique et injustement assasinée par la critique, A coup sûr ( écrit avant Rien ne s’oppose à la nuit), là revoilà dans le registre où elle excelle, les affres de ceux qui doutent, les « blessés d’être nés » qui n’ont comme échappatoire que d’écrire, de mettre des mots sur cette vie qui peut faire si mal. Et deviennent des proies comme ce « je », l’écrivain qui doit se remettre devant sa page blanche, auréolé du succès d’avoir su parler aux autres sans détours et ainsi de les avoir émus comme rarement. L, femme rencontrée à une soirée l’a bien compris. Lentement, elle va entrer dans sa vie, tisser sa toile telle une araignée orfèvre, en se rendant indispensable, tantôt coach, tantôt soeur jusqu’à entrainer l’auteur dans une abîme avec laquelle celle-ci flirte naturellement. Ainsi, D’après une histoire vraie vous saisit-il et ne vous lâche pas; le livre se lit d’une traite jouant sur cette curiosité un peu voyeuse qui habite chaque lecteur, ne le laissant apaisé qu’une fois la dernière page lue. Un page turner? Non, un livre envoûtant, à l’écriture ample et au talent une fois encore confirmé. Les lecteurs n’ont d’ailleurs pas attendu les journalistes pour s’en emparer et c’est de bonne guerre. De bonne grâce est en fait plus juste, en espérant la reconnaissance de ses pairs avec le prix Renaudot ou Médicis. Réponse cette semaine.
LM