Delphine de Vigan a eu ce mardi 3 novembre le prix Renaudot pour son dernier livre D’après une histoire vraie. La juste reconnaissance de ses pairs après celle des lecteurs. Car, elle raconte la vie comme peu de personnes, la vie dans son âpreté que l’on soit mère bipolaire-Rien ne s’oppose à la nuit, écrivain en panne-D’Après une histoire vraie ou encore jeune fille précoce ou en marge dans No et Moi, adapté au cinéma par Zabou Breitman. Hasard du calendrier, c’est cette semaine de consécration pour Delphine de Vigan qu’un autre de ses livres, Les heures souterraines, joué au Théâtre de Paris en juin, est diffusé sur Arte dans une adaptation réalisée par Philippe Harel, qui s’était déjà attaqué au monde du travail dans l’adaptation de Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq. De la lutte à la violence, des prédateurs aux victimes devenues « des cibles »comme Mathilde, harcelée par son supérieur hiérarchique, Jacques Pelletier, un petit chef odieux et menteur qui, après avoir été son mentor, va la bafouer dans ses compétences, l’humilier devant tous ses collaborateurs et enfin la placardiser dans un local « à côté des toilettes des hommes » sans fenêtre, ni ordinateur, ni bureau. Une descente aux enfers pour cette jeune et belle brune, mère de trois enfants et devenue veuve à trente ans, après un accident de voiture avec son mari.
Un duo de talent au service d’un autre
« Alors que je venais enfin d’apprendre à vivre avec ce manque, un connard en costume trois pièces était en train de me détruire à petits feu ». On retrouve toute la force de l’écriture de Delphine de Vigan dans les voix off des acteurs au service de cette mise en scène sensible et glaçante de Philippe Harel, ponctuée d’une bande son avec de simples notes de piano. En parallèle à l’histoire de Mathilde, vibrante Marie-Sophie Ferdane, sociétaire de la Comédie Française, se déroule celle de Thibault-impeccable Medhi Nebbou, médecin urgentiste qui sillonne la capitale pour SOS Médecins, jadis coupé dans son élan pour devenir chirurgien après que deux de ses doigts l’aient été dans un accident. Une vie de médecin de campagne toute tracée, « J’aurai agrandi après quelques années ma salle d’attente, acheté un monoplace et eu trois enfants mais au bout de quatre ans j’en ai eu marre », et le voilà célibataire avec des pauvres histoires sans lendemain, à soigner la souffrance physique et morale au gré des dépressifs, crises de tétanie dans le métro, jeune con businessman prétentieux ou la détresse de vieilles dames esseulées, sur fond de rapport de force au quotidien. Se rencontreront-ils? A vous de voir…
Les heures souterraines, diffusé le vendredi 6 novembre sur Arte, a revoir une semaine sur Arte+7