Tandis que la matinale d’Inter est enfin écoutable- Nicolas Demorand et Léa Salamé sont en vacances- France Télévision a offert deux beaux documentaires sur Albert Camus puis Catherine Deneuve, lesquels ont en commun d’avoir respectivement comme réalisateur et producteur, un certain Georges-Marc Benamou. Si l’on ne prête qu’aux riches, voilà avec Les vies d’Albert Camus, disponible en replay jusqu’au 10 mai 2024, (et diffusé tardivement après une navrante adaptation fiction de La peste en prime time) l’occasion de se replonger dans le destin de l’écrivain Nobelisé et mort à 46 ans, côté intime ou engagé. L’auteur de L’étranger, un des romans les plus lus au monde fut tantôt philosophe de l’absurde et de la révolte ou résistant-journaliste avec Combat puis dans l’Express, offrant la définition même de l’intellectuel engagé. Enfant né dans les quartiers pauvres d’Alger où, tuberculeux, orphelin de père et fils d’une mère illettrée et quasi-sourde, il sera sauvé par son instituteur, Louis Germain, qui lui donnera des leçons gratuites pour devenir boursier; dans cette Algérie bien aimée, il n’aura ainsi de cesse de lutter pour l’égalité entre les colons et Arabes (ou Kabyles dont il décrira la pauvreté ultime), ne la quittant que pour y revenir, tel un paradis perdu. Il faut dire qu’il lui devra ses premiers amours avant de se remarier avec Francine Fié dont la fille Catherine témoigne sans fard sur ce père instable, dont la dépression de sa femme lui inspirera La Chute en 1956. Car entre temps, il a rencontré la flamboyante Maria Casares en 1944 avec laquelle il vivra l’amour fou avant de connaitre le dernier avec Mette Ivers, artiste-peintre danoise qui témoigne également dans ce très réussi documentaire.
Deneuve ou la liberté de choisir
C’est la journaliste Virginie Linhart qui signe le portrait de la grande Catherine, née Dorléac et forte de soixante ans de carrière. De ses débuts en brune, puis devenue blonde pour Jacques Demy, de la mort dévastatrice de sa soeur bien aimée, Françoise Dorléac dont il reste le merveilleux Les Demoiselles de Rochefort, à son rôle dans Le dernier métro qui lui vaudra un César puis Indochine où, à quarante ans, elle resplendit, c’est Catherine Deneuve qui, elle-même, déroule le fil de sa vie artistique mais également personnelle; elle signera sans crainte le manifeste des 343 « salopes » pour la légalisation de l’avortement, exprimant sa liberté totale, d’où son amusement d’avoir été choisie pour représenter Marianne, elle, la mère de deux enfants hors mariage et de pères différents. Johnny Hallyday, Gainsbourg, Marcello Mastroianni, Christian Vadim, Deneuve est une grande amoureuse mais aussi une grande discrète. Pas un mot de trop, on comprend vite qu’elle ne fait et ne dit que ce qu’elle veut, sa façon à elle d’être une reine qui ne cesse au Pariser de nous impressionner, nos articles en témoignent…
Par la rédaction