Depuis quelques jours, je suis fâchée avec mon PC. Le Pauv’Con ! Il ne me sert plus qu’à mater des DVD ou la télévision. Ouais, je passe mes soirées avec mon black Mac et parfois même mes nuits. Après tout, l’annonce de l’Apec pour le poste de rédacteur web sur Hot Vidéo est toujours en ligne alors je devrais peut-être poursuivre dans cette voie ! Toujours est- il que ce soir, j’ai décidé de renouer avec Paquito Choupinet et de lui faire part de mon humeur du soir.
C’est étrange, depuis que mon ordinateur est installé dans ma chambre, je me sens inversée. Un peu comme cette tribu indienne dans une des meilleures scènes de Little Big-Man. Dire et faire les choses à l’inverse du sens commun. Avancer en marchant à l’envers par exemple. Dans mon cas, c’est regarder vers l’extérieur par la droite alors que je le faisais par la gauche. Ma précédente vue consistait en un pignon peint en blanc et des découpes de formes géométriques, de coins de façades d’immeubles. J’y voyais le plan infini et justement des droites qui se croisaient suivant des angles variables au gré du tracé de mes constellations imaginaires. Tout aussi riche est ce que j’entrevois depuis ce micro-déménagement… Des toits, des fenêtres et de multiples cheminées qui se détachent dans les lueurs de la nuit. A chaque instant de la journée, certains détails apparaissent alors mêmes que d’autres s’estompent puis s’effacent totalement.
Ouh la ! Ces espèces d’envolées lyrico-poétiques vont cesser car voulant poursuivre cette comparaison à la con « avant-après », j’ai décidé de tourner la tête à gauche afin de décrire au mieux ce que j’y voyais. J’allais me lancer dans un truc du style : « Assise maintenant à côté d’une partie de ma bibliothèque, j’ai retrouvé mes amis Zazie et Raymond, Céline, Balzac et même la vieille de La Fayette ! ». Je ne range que très exceptionnellement les livres de face dans mes étagères et comme un fait exprès, dans celle qui me jouxte, il y en a un… Introduction à la psychanalyse de Freud et il est en photo sur la couverture, cigare à la main, chaîne de montre pendant sur son ventre bedonnant, un regard perçant et inhumain. En tout cas, je n’aime pas que l’on me toise de la sorte ! Non, mais, je suis chez moi… Je fais ce que je veux.
Sais-tu, Sigmund, que ça me plaît énormément de te faire la nique ce soir ? Pendant des années, je me suis fait violence et même silence trois fois par semaine chez un de tes représentants sur terre. Reconnais, Sisi, qu’il y a quand même un petit côté secte, avec ses rituels initiatiques, ses lois et ses aberrations ! Et je te fais grâce de la partie économico-financière de ton petit business… Et je m’offre à nouveau une rasade de ciel dans lequel passe le rayon lumineux qui éclaire la tour Eiffel. C’est ouvert, sans limite. C’est demain. Sans faire fi pour autant du passé, mais en le laissant à sa juste place, derrière soi.
Ce n’est pas la peine de me lancer ce regard accusateur car peu m’importe la symbolique de la couleur de mon premier bavoir ! De toute façon, je m’enfonce un peu plus dans mon fauteuil, je ne vois plus que la moitié de ta tête mon pauvre vieux… Car tu es caché alors par un bouquin rangé sur la tranche… Et tu vas rire Mun-mund ! C’est Paroles de Jacques Prévert !