« Quel est le nombre de cadavres qu’il faut pour dégeler une situation? « Romain Gary, qui fut diplomate, ne croyait pas si bien dire. Il semblerait qu’à plus de 6000 morts dont des enfants torturés et directement visés-une première- la Syrie n’ait pas encore atteint le chiffre idoine. C’est donc en vain que depuis que le 13 décembre dernier, l’ambassadeur de France aux Nations Unies, Gérard Araud, a alerté la communauté internationale, s’indignant il y déjà trois mois de ce « silence qui est un scandale », ajoutant à l’époque que l’ONU était « moralement responsable » de ce qui se passait à Homs. Depuis, deux journalistes français, Gilles Jacquier et Rémi Ochlick ainsi que la journaliste américaine Mary Colvin sont morts, « assassinés » selon Nicolas Sarkozy, victimes sans doute de leurs téléphones satellites qui auraient permis de les localiser puis de les viser. Edith Bouvier, journaliste au Figaro a eu plus de chance et réussi à sortir jeudi de l’enfer de Homs grâce aux insurgés et eux seuls. Le corridor humanitaire est en effet refusé par Bachar El-Assad que Laurent Joffrin qualifie avec beaucoup de justesse de » boucher cravaté ». Le Directeur de la rédaction du Nouvel Observateur a ainsi lancé un appel dans son journal tandis que les candidats à la présidentielle en France choisissent chacun à leur manière de réagir, un peu comme si la Syrie, au même titre que le Salon de l’Agriculture, actuellement rendez vous obligé, devenait le sujet incontournable en matière de politique internationale.
La position des candidats en France
Depuis la chute annoncée de Homs, où il n’y a quasiment plus que les bloggueurs syriens pour raconter ce qui s’y passe-4 000 civils bloqués sans eau, nourriture, médicaments ou électricité dans le quartier de Baba Amr- François hollande, Eva Joly, Dominique de Villepin et Corine Lepage ont signé un texte réclamant la fin des attaques, des tortures ainsi qu’un accès sécurisé pour les ONG et un droit pour les médias à une libre circulation. Autant mettre un cierge à Sainte Rita…Nicolas Sarkozy tente lui, de convaincre les russes de la mise en place de couloirs humanitaires alors que ces derniers continuent à entretenir tout comme les iraniens de parfaites relations avec Bachar El-Assad et bloquent tout vote au Conseil de Sécurité de l’Onu. Quant à Marine Le Pen, elle tente de faire oublier qu’elle a dit il y a quelques semaines qu’il fallait « laisser le temps à Bacchar El Assad de procéder aux réformes nécessaires ». Ce qui est certain, c’est que malgré le refus de laisser ne serait-ce l’accès à la Croix rouge syrienne aux blessés que l’on ose même plus emmener dans les hôpitaux et les massacres qui continuent, aucun des candidats à l’élection présidenntielle ne réclame d’intervention militaire, laquelle avait pourtant bien profité en Libye à Nicolas Sarkozy. Les Homsis, historiquement considérés comme les rebelles de Syrie, eux, continuent de résister. Seuls.
Par Laetitia Monsacré