10 février 2012
@Connard!

Twitter est définitivement un endroit mal famé. Un lieu dans lequel il ne faut pas mettre les pieds, où les seuls arguments que l’on échange sont l’insulte et la diffamation. De toute façon, à quoi fallait-il s’attendre de la part d’un « service » -on ne sait même pas comment nommer exactement cette chose, c’est dire- qui limite l’expression à 140 caractères ? Comment peut-on développer un minimum sa pensée, son talent, sa plume, en si peu ? C’est tout bonnement impossible, et on comprend mieux pourquoi ceux qui passent la journée à « tweeter » n’arriveront  jamais au début de la cheville des artistes tels que Bruno Testa, cet orfèvre de la plume, ce ciseleurs de mots, ce poète de la Marne, et surtout du quotidien L’Union. C’est qu’il lui faut largement plus de 140 petits caractères de rien du tout pour agonir d’insultes quelqu’un. En 140 caractères, on est obligé de faire court, aride, bêtement efficace et le lecteur reste fatalement sur sa faim. Alors que lorsque l’on écrit sur le papier, on a le temps de développer, de se répandre, voir de se rouler dans sa propre prose. Voilà ce qu’a fait avec un plaisir non dissimulé l’auteur des deux articles qui ont provoqué le courroux de Cécile Duflot, il y a quelques jours, qui y a répondu sur Twitter. Tout y passe : l’insulte, l’injure, le graveleux, le sous-entendu, la misogynie crasse, j’en passe et des meilleures.

 » Comment voulez-vous faire confiance en une fille (Duflot, sic)  qui a appelé sa fille Térébentine parce que son mari est des Landes et qu’il adore l’essence des pins ? Et s’il adorait la vaseline, elle l’aurait appelée comment ?  » fin de citation, avec guillemets, pincettes et gants de rigueur…

Il exagère, penseront ceux qui, heureux lecteurs, n’ont pas eu à subir la prose du sieur Testa.  A celles et ceux qui nous font le plaisir de lire ces quelques lignes, je n’infligerais pas la lecture in extenso de ces deux pensum

Mais un petit florilège s’impose :
 » Cécile Duflot commençait à me brouter menu  »
 » Nos remarques tombaient dans le puits sans fond de son regard bovin qui a vu passer plus d’un train « .
 » peut-être que Cécile la Crécelle en avait-elle tout simplement marre d’entendre sa voix au timbre si particulier qu’elle ferait passer le bruit éreintant du grillon pour un chant de rossignol ! « 
 » j’ai préféré fuir et laisser notre autiste verte jouer avec ses téléphones comme d’autres jouent avec leur sex toy dans leur bain « .
 » Il paraît que cette tête à claques de Cécile Duflot se répand sur Twitter pour dire qu’un journaliste rémois (moi) l’aurait insultée « .
 » La patronne des Verts est plus douée pour bavasser sur Twitter (il ne faut pas penser) que pour répondre à un journaliste  »
 » Une grenouille décervelée « 
 » notre péronnelle est une fieffée menteuse « .
« parle à mon cul, ma tête est malade ! ».
 » La déesse Ecologie n’a pas de chance dans notre pays, mère-maquereautée par des harpies style Duflot ou Joly ! « 
 » Envoyez par dessus bord ces péronnelles qui font tant de mal à votre cause !  »

Le tout imprimé sur les 108 807 exemplaires que l’Union met en vente chaque jour. Il a raison, Bruno Testa, de réserver sa prose a journal, le gras s’imprime beaucoup mieux sur papier qu’à l’écran.

Mais j’avoue m’interroger. Non pas sur l’homme, dont la plume ne cache pas une seconde dans quoi elle est trempée. Mais sur son journal. Que se passe-t-il donc à l’Union ? Laisser un passer un papier truffé d’insultes et de sous-entendus orduriers est un sérieux problème, car dans ce cas ce sont aussi ses lecteurs que l’on maltraite. Mais en laisser passer deux…

Alors, bien sûr, certains ont pu trouver dommage que Cécile Duflot s’abaisse à répondre, via Twitter, à ce flot d’injures :

Capture d’écran 2012-02-06 à 13.05.30

Mais personnellement, je la comprends. Se faire insulter, les politiques en ont l’habitude, et l’on peut même penser que cela fait partie  » des risques du métier « . Les responsables politiques n’ont pas à être préservés de la critique même quand celle-ci est parfois être acide. Mais lorsque cela est fait sans talent, ça c’est tout bonnement impardonnable. En 140 caractères ou plus.

par Erwann Gaucher

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