Si vous bavez à l’idée de recevoir un précieux carton pour les vernissages des expositions, sachez-le, la soirée ne sera pour vous que l’occasion de voir-mal-des oeuvres, car les happy few sont de plus en plus nombreux…Vous aurez aussi tout loisir de vous faire envie à voir les » few des few » boire du champagne en mezzanine car ils ont en plus un carton spécial pour cela, comme jeudi dernier, les invités du Crédit suisse, sponsor de Art Paris, foire d’art contemporain, installée sous les verrières du Grand Palais. Sur les stands, la chose était en tous cas entendue; un sceau à champagne Ruinart avec une bouteille de la même marque par galerie, autant dire qu’il ne fallait pas imaginer récupérer un verre, à moins de signer un chèque de suite pour y acheter une de leurs oeuvres. La bonne nouvelle, c’est que les prix sont ici plus doux qu’à la Fiac étant donné le caractère moins international de la manifestation. Il y avait pourtant de quoi se rêver millionnaires en voyant les gravures présentées par la Galerie Catherine Houard dont quatre merveilles d’Alechinski–une gravure centrale entourée de lithographies vendue 11 000 euros et tiré à 70 exemplaires. Tapiès, André Masson, des aquatintes de Viallat, tout cela donnait fort envie tout comme les toiles de cet artiste syrien Ziad Dalloul, 3 000 euros ppour les petits formats, travail qui rappelait Zoran Music dont une sublime aquarelle était proposé à 15 000 euros-galerie Claude Bernard. En sculpture, des oeuvres abstraites en aluminium ou acier de Marino di Tenea, artiste italien habitué de l’art urbain, étaient vendues-de quoi se damner à condition d’avoir la place-environ 40 000 euros-par la galerie gimpel & mollet, au milieu d’une belle sélection d’art cinétique. Que l’on retrouvait avec un mobile de Laurent Bolonini, entre deux miroirs et pour le moins envoûtant à 38 000 euros-Louise Alexander Gallery-tandis que toujours côté sculptures, et du plus bel effet, un cheval couché, en crin et toile de jute de Laurent Le Deunff était proposé chez Semiose à 20 000 euros. D’animaux, il était ainsi beaucoup question comme en résonnance à l’exposition Beauté animale dans le même bâtiment, et à la galerie Alice Mogabgab qui a choisi de présenter un véritable bestiaire avec entre autres, des sculptures inspirées de l’anglaise Emma Rodgers ou une belle photo de tête de profil d’un hippopotame. Car la photo a définitivement su se hisser au rang d’un art plastique comme un autre, cela en étant de plus en plus valorisé dans les foires. De superbes prises de vue de nuit en montagne, de l’artiste allemand Michaël Schnabel-2600 euros-étaient ainsi exposés à la Galerie Esther Woerdehoff. Dans les couloirs, cheminaient bourgeois et originaux avec des dialogues un peu surréalistes comme « Tu me reconnais? -Ah , oui, c’est toi le Jack Russel de l’autre fois! ». A 22 heures, VIP et autres acheteurs, tout le monde dut enfin quitter les lieux sous l’injonction de vigiles intraitables dont l’un d’eux finit par dire qu’il avait hâte de rentrer chez lui, dans une lointaine banlieue…