D’emblée, on est saisit. Le hall du Musée du jeu de Paume s’est couvert de milliers de petits clichés pour résumer une vie. Since you were born, installation de l’américain Evan Roth, donne à voir toutes les images stockées dans son cache-web depuis la naissance de sa seconde fille. Une oeuvre en lien direct avec le thème de cette exposition Le Supermarché des images qui revient sur notre époque saturée d’images; militant, certains artistes comme le mexicain Minerva Cuevas s’attaque à la pollution comme ce beau paysage de mer trempé dans du goudron qui dégouline de la toile. Andreï Molodkin affiche sa sculpture Yes, triomphante, à la gloire du pétrole tandis que le français Samuel Bianchini dénonce la finance. Sa Main Visible, en référence à Adam Smith figure l’ultralibéralisme, donnant en temps réel les transactions des bourses américaines en nanoseconde qui s’affichent en forme de main sur un écran noir. Emma Charles a filmé pour sa part les salles de marchés « after the bell »- à leur fermeture. Plus loin, chaque photo de l’espagnol Max de Esteban montre des paysages désolés avec pour légende les termes et expressions du vocabulaire de la finance. L’argent, c’est bien lui le grand reponsable qu’il soit dans la Cash machine de Sophie Calle- des photos d’hommes et de femmes pris à leur insu par le distributeur de billets ou en coupures de billets qui forment une ville fantôme chez l’argentin Maximo Gonzalez. Ne manque que les selfies et Instagram pour dénoncer les écueils de notre société ultra monétisée et individualiste.
AW
Le supermarché des images, au Jeu de Paume jusqu’au 7 juin 2020