Elles étaient là, au bout de la rue, résignées mais bien vivantes; justes endormies comme La belle au bois dormant, attendant le baiser d’un prince charmant pour se réveiller. Les médias ont montré la joie des 3,5 millions de spectateurs qui se sont pressés à nouveau dans les salles de cinéma dès le mercredi 21 mai 2021; l’embouteillage était annoncé pour les nouvelles production en attente de cette date libératrice, d’autant que les films ayant souffert des confinements multiples ont tenté une seconde chance. Parmi eux, Au revoir les cons avec en rôle principaux, son réalisateur Albert Dupontel qui offre à Virginie Efira avec le personnage de Suze, un de ses plus beaux rôles. Dialogues percutants, scénario virtuose, jeu des acteurs brillant comme les deux sociétaires de la Comédie française, Michel Vuillermoz et Laurent Stocker ou encore Nicolas Marié incarnant Mr Blin, un aveugle aussi déjanté que ce long métrage décapant et revigorant où l’on suit un fonctionnaire suicidaire qui se transforme en justicier ordinaire aux côtés d’une femme prête à tout pour retrouver son fils abandonné malgré elle à sa naissance, donc né sous X. La police aux trousses, JB sorti de son burn out par la fraicheur de Suze vont tout deux lui offrir l’amour dont il a tant manqué, notamment avec cette scène magiques où ils parviennent à bloquer les ascenseurs de la Défense pour provoquer la rencontre avec son amoureuse. Le film gratte où ça fait mal, livrant une vision totalement désenchantée de la société où fourmillent les « cons ». Un vrai chef d’oeuvre, adapté du roman éponyme de Pierre Lemaître, qui n’a pas manqué de rencontrer son public après sa sortie en août 2020 puis auréolé en février de sept César- bien loin de la critique du Figaro « un film à éviter », ce qui confirme le bon goût des spectateurs…
Vive le cinéma français
Est-ce ce mouvement initié par les confinements qui réussit aux films français- consommer local? Toujours est-il qu’entre Adieu les cons et Les deux Alfred, réalisé et avec Bruno Podalydes-décidement c’est à la mode, la comédie française douce-amère est à son top. Ce film, sorti avec le Pass sanitaire qui a fait fuir la moitié des spectateurs des salles de cinéma- l’embellie aura été courte- confrante une carrer woman-Sandrine Kimberlain à encore là, un quinquagénaire qui doit trouver en urgence un travail pour pouvoir garder ses enfants. Le hic, c’est que la start-up avec tous ses clichés vivants et drôlissimes, refuse pour s’assurer d’une disponibilité H24 de ses effectifs, ceux qui auraient eu le malheur d’avoir des enfants. Entre la créche et son voisin un peu paumé- Bruno Podalydes, son frère dans la vie, Denis, bien connu des amateurs de la Comedie Française, devra jongler, mentir et se démener dans la jungle jeuniste et effrayante dans une analyse certes caricaturale mais pleine de charme et de poésie de cette comédie qui, elle, finit bien. Et confirme qu’un grand écran et un long métrage fait par des gens de cinéma est autrement plus agréable qu’une série sur Netfix. Alors à vos salles, vaccinés pour retrouver sans masque comme chez UGC, ce plaisir là.
Par LM