Le narrateur de L’homme qui frappait les femmes, un homme pour le moins impulsif, raconte comment il s’est livré par le passé à des actes violents sur la gent féminine et évoque le plaisir ainsi que le soulagement que ceux-ci ont pu lui procurer. Cette agressivité sans pareille remonte en fait à son adolescence. A la suite d’un différend avec une camarade de classe, il reçoit une gifle de sa part et lui en donne une à son tour bien plus forte. Ce geste brutal lui fait ressentir une jouissance malsaine et sera l’élément déclencheur d’un cercle vicieux qui le fera déboucher sur une violence encore plus accrue vis-à-vis des femmes. Il ira même, de manière paradoxale, à devenir responsable d’une association féministe…
Aymeric Patricot, jeune auteur, nous fait pénétrer ici, avec un style sombre et dérangeant, dans l’esprit d’un être entièrement dominé par des pulsions destructrices. Le narrateur n’a pourtant pas vécu d’élément traumatisant susceptible d’expliquer cette folie incontrôlable : « Je n’ai pourtant pas l’excuse de la misère, ni du spectacle de la violence », ce qui nous le rend davantage antipathique et incompréhensible dans ses actes. Il agit ainsi plutôt dans l’objectif de se sentir exister et d’éprouver une impression de grande puissance. Cette sauvagerie semble lui apporter un semblant d’intérêt dans sa vie et il s’y raccroche désespérément : « Sans cette chose qu’était la brutalité, je percevais mon existence comme une forme terriblement vide et j’étais angoissé chaque fois que j’imaginais ce que j’aurais été sans elle ». Une brutalité qui conduira à sa perte…
Par Elise DAVID
L’homme qui frappait les femmes, de Aymeric Patricot, publié chez Léo Scheer, 19 euros