Les lecteurs fidèles au Pariser s’en souviennent, mon chemin a rencontré il y a plus d’un an ce que les policiers appellent eux-mêmes des brebis galeuses. Nul besoin d’aller dans les banlieue et d’être noir ou arabe, il m’avait suffit d’être au mauvais moment-le début de l’état d’urgence- et au mauvais endroit-place de l’Etoile lors d’une manif Greenpeace- pour, malgré ma peau blanche, les nombreux témoins et mon allure plutôt bobo, être victime d’une balayette qui m’a fait tomber au sol -une couronne dentaire à 1000 euros qui saute, la main en sang, menottée et injuriée « Je vais t’éclater la gueule salope ». Après avoir été embarquée dans le très chic commissariat du 16 ème arrondissement, j’avais été relâchée et reconduite à mon scooter par le policier qui m’avait arrêté avec une collègue femme qui n’avait pas une seconde pris ma défense, moyennant excuses de sa part. La fin n’a pas été aussi heureuse pour Théo( à ce jour 115 000 pétitions sur Change.org et de multiples manifestations) et encore moins pour Adama Traoré qui a payé de sa vie la barbarie de certains officiers de police. Après avoir pris la fuite à un contrôle de papier sachant comment cela allait finir vu qu’il ne les avais pas sur lui, il a été plaqué au sol et est mort d’étouffement sans même que sa famille soit au courant, ni, évanoui, conduit à l’hôpital; un dossier à charge a été monté ensuite par la justice- soi-disant alcool et stupéfiants dans le sang (démenties ensuite par les analyses médico-légales) tandis que la maire de commune de Beaumont sur Oise appelait sur sa page Facebook « les citoyens de souche » -sic- à la violence « pour venir en aide à nos pauvres policiers » et éteignait l’éclairage public après chaque manifestation pour que cela dégénère ainsi que le relate un appel de Quartier XXI signé par plusieurs personnalités dans Libération de mercredi 15 février.
La justice à deux vitesses, des flics qui deviennent des loups en meute lors des contrôles comme à la Porte de Clignancourt tous les jours de Puces où les roms sont chassés à coup de pieds et leurs rares biens jetés dans des camions bennes sous les yeux des passants qui n’osent intervenir. Un Etat de non droit absolu que les syndicats de police défendent par leur difficiles conditions de travail, parlant de « bobos privilégiés » ne connaissant pas la dureté des quartiers suite à la pétition signée entre autres par Patrick Bruel, Yannick Noah, Josiane Balasko ou Olivier Py; pour un véhicule incendié symbole de toute la colère et la haine qu’ils ont fait naître, combien de bavures passées sous silence comme celle de Mohamed K. à Aulnay sous bois qui n’avait pas osé porter plainte malgré son visage tuméfié?
Le ministre de l’Intérieur n’avait eu aucun mot pour Adama Traoré et il a fallu que la colère monte pour que François Hollande se rende au chevet de Théo mais sans donner aucun autre signe de soutien, pas plus que ne l’ont fait les candidats à la présidentielle. Il y a pourtant un ménage au karcher à faire au sein des policiers qui tabassent en toute impunité et dont ceux qui exercent correctement leur devoir de protection des citoyens, quelqu’ils soient, seront les premiers à profiter afin que l’on ne voit plus en eux un danger mais ce qu’ils doivent être: des gardiens de la paix.