Depuis désormais des décennies, Arvo Pärt exploite sans relâche une certaine mystique aux vagues relents new age – de qualité supérieure reconnaissons-le. Cela présente l’avantage d’être mélodique et facile d’accès-les chorégraphes adorent, à rebours d’un certain intellectualisme hérité de la musique sérielle – que le compositeur estonien a pratiqué en ses jeunes années. Rien que le titre de l’album, Adam’s Lament– Les lamentations d’Adam, donne le ton. On est bien à mille lieux de la célébration de la création divine telle qu’on l’entend chez Bach par exemple jusque dans les moments de profond recueillement, et de manière générale dans toute la tradition dite classique. Dans ce dernier album, Pärt semble confondre intériorité et fascination dépressive avec des cordes traitées comme une épaisse masse sonore implorante qui peut sembler digne des plus médiocres bandes son de mélos… Il faut attendre les deux dernières pièces, Estonian Lullaby et Christmas Lullaby, pour rencontrer une lueur d’espoir à l’issue de ce primitivisme tonal entre œuvre musicale et produit culturel, non dépourvu malgré tout d’une certaine séduction. Admirons au moins le sérieux avec lequel cela est défendu par les interprètes, placés sous la direction de Tönu Kaljuste, et le soin de l’éditeur ECM – la perfection comme consolation sans doute…
GC
Arvo Pärt, Adam’s Lament, ECM