Voilà à nouveau dans la collection Les affranchis chez NIL, un concentré d’émotion. En moins de cent pages, la fille de René Goscinny écrit à « ce mort dans son cartable »-son père. Après Annie Ernaux et L’autre fille, sa soeur disparue, Nicolas d’Estienne d’Orves et son ami d’enfance »parti à l’entracte » , Le bruit des clefs est un nouveau petit diamant, de ceux qui vous touchent car mêlant l’autobiographie et le talent de ceux qui sont, depuis cette souffrance « originelle », devenus romanciers. Anne Goscinny a neuf ans lorsque le bruit des clés de son père, posées sur la commode lorsqu’il rentre, à jamais se tait, « ce bruit anodin qui allait guillotiner mon enfance ». Un dimanche, il est mort chez son cardiologue, en train de pédaler sur un vélo.
« Et Dieu est un curieux sculpteur qui tue les statues qu’il préfère » . Telle est la citation qui ouvre le livre dans lequel la petite fille se remémore « l’après « . Comment elle demande à sa mère » jusqu’à quand il est mort? « , puis ira acheter son parfum pour essayer de le faire revenir, écouter ses cassettes et découvrira les « dimanches sans toi, les vacances sans toi, la maison sans toi, maman sans toi ». Comment se construire alors? Victor, l’ami médecin, servira de subterfuge, les autres hommes aussi par la suite afin de « faire le deuil de celle que je serais devenue si tu n’étais pas mort ». Anne Goscinny est en tout cas devenue une sacrée écrivain avec des mots qui touchent de façon universelle et cette lettre qui rendra son père où qu’il soit très fier d’elle.
LM
Le bruit des clés d’Anne Goscinny chez NiL-7,50 euros