On aurait pu vous parler de Françoise Héritier, morte quelques jours après son passage à la Grande librairie où elle affichait une vivacité de jeune fille malgré un fauteuil roulant, de Robert Hirsch, comédien exceptionnel et danseur contrarié, capable pour le Gala des artistes de tournoyer déguisée en ballerine sur pointes. Mais c’est de l’immense couturier Azzedine Alaïa dont nous avons choisi de faire la nécro en cette fin de mois de novembre. Le petit homme toujours en noir s’est éclipsé, discrètement à 77 ans, lui qui lui qui osait à peine saluer à la fin de ses défilés. Le Palais Galliéria avait en janvier 2014 rendu hommage à ce couturier formé en section sculpture aux Beaux Arts de sa ville natale, Tunis, pour sculpter le corps des femmes comme nul autre avec ses tissus stretch, et autres bandelettes à réserver toutefois aux tailles 36 comme sa muse Grace Jones et aux portefeuilles capables d’ investir plus de 2500 euros dans une robe. Des créations où le noir prédominait, indémodable et sexy en diable comme lorsqu’il s’associe à des zips dorés, mais également où l’on trouvait des modèles à la coupe floue, cela sans jamais qu’il n’ait fait d’ école de mode. « L’ épaule est essentielle tout comme la taille, la poitrine, on s’en arrange toujours » disait-il depuis son premier défilé à domicile en 1979 à aujourd’hui, où il refusait shows médiatiques, publicité ou autres vitrines, préférant défiler à domicile. Coupes fascinantes, taille ajustée, col châle s’ inspirant des tenues d’amazones, des uniformes militaires ou des religieuses qu’ il côtoya à Tunis, avec cette idée « d’être tenue tout en demeurant libre« . Et de réaliser qu’avec des lignes pareilles, il n’était point besoin d’ artifices; Alaïa n’a ainsi jamais créé de bijoux ni d’ accessoires, rendant sans doute fous ses investisseurs …C’est pourtant lui qui a inventé le leggings, tellement repris depuis. Et avait fait de lui un très grand, mais très discret couturier sans doute un des derniers…
LM