4 décembre 2011

Je vous l’avais annoncé, je vais vous révéler comment assouvir vos préférences sous le nez de la SNCF, qui plus est avec ce nouveau préavis de grève pour les lendemains de fête qui déchantent. Ainsi,  pouvez-vous  partir en week-end en avion pour moins cher qu’en train – ou au moins à prix comparable. Notre chère compagnie nationale a en effet prévu une tarification spécifique pour les fins de semaine en Métropole, de deux nuits maximum, disponible jusqu’à la veille du départ.

C’est ainsi qu’après comparaison – juste pour ma bonne conscience, rassurez-vous – je me suis envolé samedi pour Perpignan. Après avoir bourré mon sac de bottes et d’imperméables, je prend place  dans l’Orlybus, place Denfert-Rochereau, après avoir naturellement omis de valider mon titre de transport, narguant silencieusement les annonces répétées dans la machine roulante, laquelle me conduit vers la volante. J’ai bien pris soin d’arriver deux heures en avance et me dirige vers le bureau d’enregistrement pour confier mon bagage à l’agent ; depuis que les tubes de crème dépilatoire et les flacons d’eau de toilette, entre autres, de plus de 100 ml, sont interdits en cabine, je suis à chaque fois contraint de répéter le même scénario. Ce n’est ouvert qu’une heure et demie avant le décollage, me répond la quadragénaire en face de moi. Je palabre un peu et on m’explique qu’il n’y pas assez de personnel pour stocker les bagages prématurés – mais assez en tous cas pour mettre trois ou quatre agents pour guider les passagers vers les bornes situées à côté. Je m’en retourne parmi la foule assise et accroupie, mangeant et vagissante. Je m’étais toujours étonné de voir les halls occupés par des voyageurs en transit, presque des Sans Destination Fixe. Ravalé au milieu de cette plèbe, je suis bien contraint de compatir un peu.

Enfin l’heure exquise a sonné, et je peux passer la sécurité – où il n’y a presque personne en ce samedi après-midi – et monter au salon Air France à l’étage – minimaliste, il n’y a que des biscuits salés et sucrés.. Comparé au Salon Grand Voyageur, ouvert de surcroît seulement en semaine, le Patio Air France est presqu’un luxe.

Un jour en transit à Heathrow, glanant les revues disposées à mes côtés, je tombai sur une chronique « pourquoi nous prenons l’avion ? ». Bonne question, en effet. L’attente, l’intrusion dans l’intimité avec la palpation corporelle aux contrôles de sécurité, l’éloignement des centres-villes, l’avion réunit l’ensemble de la panoplie rédhibitoire au citadin. Et pourtant, nous volons. Ce ne sont pas tant les sensations au décollage ou l’écrasement de l’atterrissage qui nous fascinent, finalement assez prosaïques, mais plutôt l’impression d’intemporalité, ce flottement au-dessus de la matérialité quand nous survolons terres et mers, jouant à nous seuls un remake de la Terre vu du ciel de Yann Arthus Bertrand.

Mais bientôt,  nous atterrissons à Rivesaltes. Quinze mètres à pied sur le tarmac, un seul tapis à bagage, une aérogare réduit à sa plus simple expression – tout le charme discret de la province se tient là, le centre ville en moins…

par Gilles Moîné-Charrassier

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