Souvenez-vous; longtemps le Seuil arbora en couverture de ses romans un dessin représentant un arbre coincé dans une petite cour avec un joli portail devant. Ce lieu, sis au 27 de la rue Jacob, quartier s’il en est d’éditeurs, les éditions Seuil à la faveur de leur fusion avec La Martinière l’ont quitté et s’en sont allées du coté de Montparnasse. Et miracle, ce sont d’autres « faiseurs » de livres, les Editions Les Arènes qui se sont installées là, ouvrant au public cour et rez-de-chaussé pour exposer leurs collections et organiser des conférences. Si je vous dit New Yorker? Vous me répondrez cartoons bien sûr, lesquels sont ici publiés dans différents ouvrages suivant des thèmes comme l’humour des femmes, des chats ou les français, à moins que vous ne préfériez les dessins refusés. Et comme les Arènes se sont spécialisées dans la reproduction de ce qui se fait de mieux dans la presse, vous trouverez également les meilleurs dessins du Canard Enchainé, les Cahiers du Monde- avec les grands portraits, reportages ou les plus célèbres procès, ainsi que les articles de Télérama, reliés dans deux tomes à l’occasion de leurs 60 ans. Un livre regroupant les 100 reportages récompensés par le Prix Albert Londres et la revue XXI complètent un catalogue d’une grande diversité avec un point commun: la qualité. Laurent Beccaria, son jeune patron est en effet un ancien déçu de l’édition, une sorte de chevalier qui s’est lancé dans l’aventure il y a dix ans pour rendre son honneur perdu à l’édition française. Des procès ont failli avoir raison de sa jeune entreprise mais Amélie Poulain l’a sauvée via un album de Jeunet qui a fait, en 2001, le tour du monde. Le formidable penseur américain Noam Chomski a suivi puis une sélection rigoureuse et exigeante avec des livres de psychologie faisant référence ou ayant trait au journalisme comme les écrits du génial Kapuscinski- reporter polonais à l’égal de de Kessel et d’Albert Londres- ou les enquêtes comme celles de Denis Robert, à l’origine de l’affaire Clearstream ont élargi par la suite le catalogue qui compte également les mémoires de Barbara Hendricks ou de Zizi Jeanmaire. Un inventaire donc à la Prévert, ce qui est ici un vrai compliment, la poésie n’étant pas absente de ce lieu où les écrits semblent avoir leur propre vie – chose ô combien rare et précieuse.
LM
A noter, des conférences sont régulièrement organisées sous une agréable verrière à l’arrière de la boutique. Programme sur le site arenes.fr