Vous aurez peu de chances de pouvoir voir Mineur 27, de Tristan Aurouet. Un film d’auteur comme on les appelle, tout en pointillé sur ce qu’est la vie de deux adolescents après qu’elle ait croisé le chemin d’un pédophile. Il prend ici les traits de Jean Hugues Anglade, flic mort vivant qui semble, pour pouvoir porter sa blessure originelle, devoir continuellement en infliger une aux autres. Tout doucement. Car, rien n’est ici violent ; voilà pourquoi ce long métrage échappe aux « cases » prédéfinies par un système de distribution cinématographique ô combien meurtrier. Et que malgré quatre années de travail en famille- la productrice est la femme du réalisateur- une belle implication de Jean Hugues Anglade dont l’histoire personnelle rejoint la fiction ainsi que de formidables jeunes comédiens tout en regards-citons entre autre Nassim Si Ahmed et Marie Ange Casta (dont le corps et la voix rappelle irrésistiblement sa grande soeur), bref tout cela ne suffira malheureusement pas à assurer à ce premier film exigeant une diffusion honorable. C’est pourtant avec un talent certain, malgré une mise en route un peu longue, que le réalisateur signe des images sensuelles où l’on sent plus que l’on ressent les souffrances des personnages portés par un nature généreuse- l’océan, les dunes, les pins- vers leur inexorable destin. Car, comme dans une tragédie antique, l’un d’eux devra mourir afin que la vérité éclate, enfin. Que cette petite ville de province où, le maire peut enterrer en bonne conscience les dossiers gênants, voit éclater la vérité et peut être le début de la délivrance. Le tout sans jamais juger ni condamner. Ce jeune réalisateur qui a déjà travaillé avec Guillaume Canet et Gilles Lellouche est beaucoup trop intelligent pour cela; non, il se contente d’eveiller nos sens afin que chaque spectateur puisse intimement vivre de la façon qu’il l’entend ce qui, avec une économie élégante de dialogue, se donne à l’écran. Voilà pourquoi le public- bien peu habitué à être sollicité -passera malheureusement à coté de ce film elliptique qui, face à deux guerres des boutons avait, dès le premier jour, déjà perdu la bataille…