Les trottoirs parisiens sont vides. Quelques rares passants, tous avec des sacs de course, se croisent malgré tout. Certains portent des masques; d’autres leur écharpe relevée ou assument leur bouche offerte au vent. Rares sont les voitures qui pourtant klaxonnent pour un rien. Sur le marché Maubert Mutualité, ce mardi matin, deux fois moins de stands, on se tient à distance calmement, résignés. Le fleuriste n’est pas là, malgré le printemps précoce, le Président Macron n’a pas jugé que les tulipes, anémones et autres jacinthes étaient des biens de première nécessité, contrairement aux magasins de portables, cavistes ou tabacs et bien sûr pharmacies. Bouffer, picoler, se droguer. Nul doute que les antidépresseurs et anxiolytiques vont s’arracher, comme les pâtes et le papier toilette. L’excédent de nos vignes françaises, boudé par les Américains puis les Chinois, devrait aussi trouver de nouveaux clients. Lesquels sont à priori tenus, pour se procurer leur minimum vital, de remplir une « attestation de déplacement dérogatoire »-n’étant pas sans rappeler le laisser passer pendant l’occupation. Editée par le Ministre de l’Intérieur, à imprimer sur internet, signée et datée, elle précise pourquoi on est dehors- au choix pour aller travailler, pour se sustenter, pour se soigner, pour s’occuper d’enfants ou de personnes « vulnérables », pour faire un peu d’exercice ou enfin, « liés aux besoins des animaux de compagnie ». A raison de trois sorties pipi par jour, on vous recommande le crayon à papier!
Drôle de guerre
Sans oublier une pièce d’identité avec cette idée que le coronavirus nous a tous rendu égaux- fini le délit de faciès. Les sans-papiers sont donc condamnés à mourir de faim, ce qui en ravira certains tout comme pour les rats qui vont devoir se passer des restes de sandwichs dans les parcs ou des poubelles des restaurants. De quoi se dire que le problème de propreté à Paris est en passe d’être réglé! Et celui, tout aussi plébiscité par les Parisiens, de la sécurité; 150 points de contrôles situés à Paris et son agglomération, 3000 fonctionnaires de police mobilisés, le Préfet de police Didier Lallement a réussi ce que tous les candidats à la Mairie de Paris rêvaient, et cela en une journée! Quant à remplir les caisses, l’amende de 135 euros a été appliqué dès ce mardi contrairement aux dires de la porte parole du gouvernement, la pauvre Sibeth Ndiaye qui a encore perdu une occasion de se taire. En revanche, un qui s’est largement exprimé, c’est Emmanuel Macron. Deux allocutions, la dernière battant les records absolus avec 35 millions de téléspectateurs, le « Nous sommes en guerre » a remplacé le « Moi, président ». Et a fait peur à tout le monde, à l’exception sans doute des quelques réfugiés syriens ou afghans qui ont trouvé refuge en France et comprennent le français. Les bombes? Les villes détruites? Les cadavres dans la rue? L’odeur de la mort? L’exode vers nulle part? Le froid? La faim? Les tortures? Les viols? Les enfants devenus mutiques? En voilà, une « drôle » de guerre qui touche la France pourront-ils se dire. 175 morts à ce jour. Pour rappel, l’autre « drôle » de guerre en 1939 en avait fait 1500. Et celle en Syrie, 115 000 civils dont 12 000 enfants.
Par Laetitia Monsacré
Voilà le formulaire édité par la Place Beauvau, avec une case que Castaner semble avoir oublié: